Bangladesh : RSF proteste contre un nouveau harcèlement de la journaliste Rozina Islam par les autorités
L’organisme bangladais de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme vient d’ordonner une enquête financière contre cette célèbre journaliste d’investigation. Compte tenu de l’absence de cadre juridique approprié, Reporters sans frontières (RSF) exige l’annulation immédiate de cette procédure, et la fin des autres tentatives d’intimidation qui la visent.
Nouvelle étape dans le harcèlement qui vise Rozina Islam : selon des informations recueillies par RSF, la journaliste, qui travaille pour le principal quotidien du pays, Prothom Alo, est visée par une demande de saisine de l’ensemble de ses comptes bancaires par l’Unité de renseignement financier du Bangladesh (Bangladesh Financial Intelligence Unit, BFIU). L’organisme, qui dépend du gouvernement, a officiellement ordonné, mercredi 11 août, à toutes les banques répertoriées dans le pays de fournir un relevé détaillé de la situation financière de la journaliste, et ce dans un délai de trois jours.
Ces requêtes sont pour le moins étonnantes : comme le proclame son site Internet, “l'objectif principal de la BFIU est d'établir un système efficace de prévention du blanchiment d'argent, de lutte contre le financement du terrorisme et contre la prolifération des armes de destruction massive”.
“À la lumière de ces éléments, les demandes émanant de la BFIU concernant Rozina Islam dépassent gravement le domaine de compétence de l’agence et, par conséquent, il est clair qu’elles relèvent d’une nouvelle tentative de harcèlement contre la journaliste, déclare le responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF, Daniel Bastard. Dans ce contexte, nous demandons l'abandon immédiat des requêtes formulées par la BFIU et, plus largement, la fin des pressions grandissantes que différentes agences dépendant du gouvernement bangladais font peser sur Rozina Islam.”
Le 17 mai, la journaliste a été abusivement arrêtée et torturée par la police, à la suite d’une accusation d’espionnage portée par le ministère de la santé. Comme RSF l’avait révélé, tout porte à croire que cette plainte a été déposée en représailles à une série d’enquêtes que Rozina Islam avait publiées sur la corruption qui gangrène les institutions sanitaires du pays.
Elle subit, depuis, des pressions récurrentes qui l’empêchent de pratiquer librement son travail de journaliste. Sa carte de presse et son passeport, entre autres, lui ont été confisqués.
Le Bangladesh se situe à la 152e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2021 par RSF.