Au Maroc, les journalistes étrangers continuent de se faire expulser manu-militari

Reporters sans frontières (RSF) condamne fermement l’expulsion manu militari de Luigi Pelazza et Mauro Pilay, célèbres journalistes d’investigation italiens du programme Le Lene et la saisie de leur matériel.

Arrêtés le 29 septembre 2016 à Marrakech par dix policiers en civil, les deux journalistes italiens sont accusés de ne pas avoir obtenu les autorisations nécessaires pour mener leur enquête sur un réseau de prostitution d’enfants à Marrakech. Escortés vers l'aéroport Menara et renvoyés en Italie huit heures plus tard, leur matériel de tournage a été confisqué dans la foulée. Contacté par RSF, le chef de cabinet du ministère de la Communication a affirmé ne pas être en mesure de faire une déclaration.


Cette pratique récurrente est extrêmement choquante, déclare Yasmine Kacha, directrice du bureau Afrique du Nord de RSF. Pendant combien de temps encore, les autorités marocaines vont-elles se cacher derrière des prétextes administratifs pour empêcher les journalistes de parler de sujets sensibles?


Cette tentative de censure ne nous empêchera pas de dire la vérité sur la prostitution des mineurs au Maroc, ajoute Luigi Pelazza, nous avons pu conserver quelques éléments de tournage et nous informerons bientôt l’opinion publique de la gravité de la situation.”


Cette expulsion intervient à quelques jours d’élections législatives très attendues au Maroc le 7 octobre prochain.


Pour rappel, deux reporters du petit Journal de Canal + Martin Weill et Pierre Le Beau ont été renvoyés du pays en avril 2016, après avoir été interrogés par les autorités marocaines sur leur reportage concernant l’agression d’un couple homosexuel à Béni Mellal.


Le pays est 131e au Classement mondial de la liberté de la presse 2016.
Publié le
Updated on 30.09.2016