Le 22 juillet 2014, trois journalistes et photographes américains et iraniens ont été arrêtés. L’Iran est l’une des cinq plus grandes prisons du monde pour les professionnels de l’information, avec 65 journalistes et net-citoyens emprisonnés. Cinq d’entre eux sont des ressortissants étrangers.
Le 24 juillet, le quotidien américain
Washington Post a annoncé “disposer d'informations selon lesquelles son correspondant à Téhéran,
Jason Rezaian, sa femme et deux photographes américains auraient été arrêtés”. Jason Rezaian, 38 ans, en poste à Téhéran depuis 2012, possède les nationalités américaine et iranienne. Son épouse,
Yeganeh Salehi, ressortissante iranienne, travaille pour
The National, journal basé aux Emirats arabes unis. La troisième journaliste, dont la famille ne souhaite pas révéler l’identité, est une photographe indépendante américano-iranienne qui collabore avec plusieurs médias, parmi lesquels le
Washington Post. Son époux, non journaliste, a également été interpellé.
Selon les informations recueillies par Reporters sans frontières, les quatre personnes ont été arrêtées simultanément par des agents en civil à leurs domiciles respectifs de Téhéran, dans la soirée du 22 juillet 2014. Les motifs de leur arrestation et les autorités responsables, tout comme leur lieu de détention, n'ont pas été officiellement notifiés.
Le gouvernement iranien n’a fait aucun commentaire sur ce coup de filet. Le 25 juillet,
Gholamhossein Esmaili, directeur du département de la justice de Téhéran, a déclaré : “les forces de sécurité ne permettront aucune agitation de la part d’ennemis du pays”, ajoutant que “l’enquête vient de commencer. Attendons la fin des interrogatoires pour pouvoir tirer des conclusions”.
Le 24 juillet, la porte-parole du département d’Etat américain a pour sa part déclaré au
Washington Post : “la sécurité des citoyens américains à l'étranger est l'une des nos priorités.”
“Ces journalistes, accrédités par le ministère de la Culture et de l’Orientation islamique, travaillaient légalement en Iran”, déclare Reza Moini, responsable du bureau Iran/Afghanistan/Tadjikistan de Reporters sans frontières, qui rappelle que
“les arrestations arbitraires et convocations illégales, notamment par les services des renseignements des Gardiens de la révolution, sont le lot quotidien des journalistes en Iran. Les professionnels de l’information, et tout particulièrement les journalistes étrangers basés à Téhéran, sont la plupart du temps accusés d’espionnage. Ils sont victimes de la politique officielle de diabolisation des médias étrangers, qui s’est encore renforcée dans le cadre des règlements de comptes entre les différents clans en lutte pour le pouvoir”.