Après Souleiman, la justice marocaine récidive lourdement avec Omar et Imad
Ce 3 mars 2022, les journalistes Omar Radi et Imad Stitou ont été condamnés en appel, respectivement, à l’un, six ans de prison ferme et, l’autre, un an de prison dont six mois avec sursis, à l’issue d’un procès entaché de nombreuses irrégularités. Reporters sans frontières (RSF) dénonce cette nouvelle condamnation et appelle à la libération immédiate de Omar Radi ainsi qu’à la fin de toutes les poursuites contre les deux journalistes.
Une semaine après la confirmation de la condamnation de Soulaiman Raissouni à 5 ans de prison ferme par la cour d’appel de Casablanca, un autre verdict inique vient de tomber. Les peines prononcées en première instance, six ans de prison ferme pour Radi et une année pour Stitou dont six mois avec sursis, ont été confirmées, alors qu’aucune preuve compromettante n’a pu être dévoilée. Les deux journalistes sont accusés pour “viol”. Radi est également poursuivi pour espionnage.
Une semaine après avoir rendu une décision injuste et injustifiée contre Soulaimane Raissouni, la justice marocaine récidive et ce nouveau verdict n’est pas à son honneur, déclare déclare le directeur du bureau Afrique du Nord de RSF, Souhaieb Khayati. Les procès des trois journalistes Raissouni, Radi et Stitou ont été émaillés d’irrégularités nombreuses, leur détention est arbitraire, RSF appelle à leur libération immédiate et inconditionnelle”.
Le procès de Omar Radi a commencé par l'ouverture d’une enquête pour espionnage fin juin 2020, après la publication d'un rapport d'Amnesty International affirmant que le téléphone de Omar Radi avait été piraté via le logiciel Pegasus de la firme israélienne NSO. Quelques mois plus tard, Omar Radi a été soudainement interrogé après une plainte pour "viol" et "harcèlement sexuel", déposée par une ancienne collègue. Il a été ensuite incarcéré le 29 juillet 2020.
Poursuivi pour "non dénonciation d’un crime"
Son confrère, Imad Stitou, a été mis en cause pour avoir apporté son soutien à Omar Radi. Initialement cité comme témoin de la défense, il avait confirmé une "relation consensuelle" entre le journaliste et la plaignante avant d’être poursuivi pour "non dénonciation d’un crime".
Ce verdict confirme le parti pris des autorités marocaines. Il se traduit par une attitude de fermeture au dialogue et de ciblage des journalistes indépendants. Une tendance révélée par l’arrestation de Taoufik Bouachrine, directeur de Akhbar Alyoum et qui se poursuit désormais à l’encontre de journalistes soucieux d’exercer un journalisme libre, pluraliste et indépendant
Le Maroc occupe le 136e rang sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse de RSF.