Après l'appel de RSF et de 116 dirigeants de médias pour la libération de Jimmy Lai, Hong Kong répond par des menaces tout en prétendant respecter la liberté de la presse
À la suite d’un appel sans précédent lancé le 16 mai par Reporters sans frontières (RSF) et 116 figures du secteur des médias du monde entier en faveur de la libération de Jimmy Lai, le gouvernement de Hong Kong a répondu en menaçant ceux qui "interfèrent dans les procédures judiciaires" et en prétendant que la liberté de la presse demeure "respectée et protégée" dans le territoire, alors que les preuves du contraire ne cessent de s'accumuler.
Quelques heures après que RSF et 116 rédacteurs en chef et dirigeants de médias du monde entier aient appelé à la libération de Jimmy Lai (Lai Chee-ying en cantonais), fondateur d’Apple Daily et lauréat du prix RSF de la liberté de la presse, le gouvernement de Hong Kong a publié un communiqué menaçant en termes voilés les “organisations et individus” qui “interfèrent dans les procédures judiciaires”, sans mentionner explicitement RSF ou les signataires de l'appel. Selon le gouvernement de Hong Kong, demander la libération de Jimmy Lai “constitue très probablement un délit d'outrage à la cour ou un délit d'entrave à la justice”, qui sont passibles respectivement de deux et sept ans de prison en vertu de l'ordonnance de procédure pénale de Hong Kong.
Le communiqué prétend également, contre toute évidence, que la liberté de la presse reste "respectée et protégée" sur le territoire, et que l'arrestation et les poursuites engagées contre Jimmy Lai et d'autres défenseurs de la liberté de la presse "n'ont rien à voir avec la question de la liberté de la presse".
"Ces dix dernières années, Jimmy Lai et les médias qu'il a fondés ont été les victimes d’un harcèlement systématique de la part du gouvernement de Hong Kong et ont aussi été la cible d'attaques violentes pour lesquelles aucune enquête sérieuse n'a été menée. Le déclin de la liberté de la presse à Hong Kong est largement documenté, avec au moins sept médias fermés et 13 journalistes et défenseurs de la liberté de la presse toujours détenus à ce jour.
Ces trois dernières années, dans le cadre de la croisade contre le droit à l'information menée par le dirigeant chinois Xi Jinping, le gouvernement de Hong Kong a engagé des poursuites contre au moins 28 journalistes et défenseurs de la liberté de la presse, et a fermé de force les médias indépendants Apple Daily et Stand News, tandis que le climat de terreur a conduit au moins cinq autres médias à cesser leur publication – des mesures qui ont porté un coup dévastateur au pluralisme des médias dans le territoire.
Hong Kong occupe le 140e rang sur 180 pays et territoires au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2023 – une chute de 122 places en deux décennies. La Chine se situe, elle, au 179e rang des pays et territoires répertoriés.