La journaliste française Anne-Sophie Le Mauff a été expulsée d'Irak, le 23 juin. Elle a affirmé à Reporters sans frontières que des responsables du ministère irakien de l'Intérieur lui avaient expliqué qu'ils agissaient ainsi à la demande des autorités françaises.
La journaliste française Anne-Sophie Le Mauff, correspondante en Irak de plusieurs médias francophones a quitté vendredi Bagdad pour Amman, après s'être vu signifier un ordre d'expulsion par les autorités irakiennes. Elle devait quitter Bagdad jeudi mais son vol a été annulé à cause d'une tempête de sable.
Le ministère des Affaires étrangères a démenti avoir effectué la demande d'expulsion auprès de l'Irak, estimant qu'il s'agissait « d'une décision souveraine des autorités irakiennes ».
La journaliste a indiqué à Reporters sans frontières qu'elle comptait s'installer temporairement dans la capitale jordanienne.
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21.06.05- Anne-Sophie Le Mauff risque d'être expulsée du pays
La journaliste française Anne-Sophie Le Mauff devrait quitter l'Irak, le 23 juin. Elle a affirmé à Reporters sans frontières que des responsables du ministère irakien de l'Intérieur lui avaient expliqué qu'ils agissaient ainsi à la demande des autorités françaises.
"Expulser un journaliste étranger est une grave atteinte à la liberté de la presse et nuit considérablement à l'image d'un gouvernement qui a pourtant toujours rappelé son attachement aux valeurs démocratiques", a déclaré Reporters sans frontières.
"Par ailleurs, si les autorités françaises ont réellement demandé aux Irakiens d'expulser Anne-Sophie Le Mauff, cette procédure est inacceptable. Nous sommes, bien évidemment, conscients de la gravité de la situation en Irak et des risques que les journalistes, notamment français, encourent. Mais ce n'est en aucun cas aux autorités françaises de décider quel journaliste doit ou ne doit pas rester en Irak. Cette décision relève des journalistes eux-mêmes et de leurs employeurs. L'interférence d'un gouvernement, même s'il agit pour des raisons de sécurité, n'est pas admissible".
"La situation est d'autant plus absurde que nous avions déjà entamé des démarches avec Anne-Sophie Le Mauff pour réduire les risques. Elle nous avait fait, hier, la promesse qu'elle ne sortirait plus de son hôtel tant que la situation actuelle perdurerait. Parallèlement, ses différents employeurs, en France et à l'étranger, envisageaient la possibilité de la faire rentrer en France en lui assurant des revenus décents, le temps de trouver une solution pour garantir au mieux sa sécurité", a ajouté l'organisation.
Le 21 juin, la journaliste indépendante française, Anne-Sophie Le Mauff, a appris auprès des services du ministère irakien de l'Intérieur qu'elle allait recevoir, le lendemain, un ordre d'expulsion. Les fonctionnaires lui auraient expliqué qu'ils agissaient ainsi à la demande du gouvernement français.
Le 15 juin, le Canard Enchaîné avait révélé que l'ambassadeur français en Irak, Bernard Bajolet, avait demandé à Anne-Sophie Le Mauff de quitter le pays. "Comme vos confrères et vos consoeurs, vous devez vous demander si la liberté et le souci d'informer justifient une telle prise de risques, pour vous et pour les autres, ainsi que la gravité des conséquences qu'un éventuel enlèvement impliquerait pour notre pays. (…) Aucune excuse ne peut justifier la poursuite de vos activités en Irak", avait écrit l'ambassadeur.
Anne-Sophie Le Mauff travaille en Irak depuis plus d'un an, notamment pour les quotidiens français L'Humanité et Sud-Ouest, Radio Monte-Carlo, Radio Vatican et Radio Canada.