Algérie : RSF dénonce le maintien en détention du journaliste Rabah Karèche
En détention provisoire depuis une semaine, le journaliste Rabah Karèche s’est vu refuser sa demande de libération. Reporters sans frontières (RSF) appelle les autorités à relâcher le reporter et à abandonner toutes les charges retenues à son encontre.
Le journaliste algérien Rabah Karèche reste en prison. Inculpé et écroué le 19 avril 2021, le correspondant du quotidien Liberté s’est vu refuser sa demande de libération déposée le 27 avril par ses avocats, devant la chambre d’accusation de la cour de justice de Tamanrasset (à 1 900 km au sud d’Alger). Il avait été placé en détention provisoire après la publication d’un article sur une manifestation contre le nouveau découpage territorial de la région touarègue de l'Ahaggar.
“Le maintien en détention de Rabah Karèche est incompréhensible, déclare le directeur du bureau Afrique du Nord de RSF, Souhaieb Khayati. Nous appelons à la libération immédiate et à l’abandon des charges retenues à l’encontre du journaliste qui n’a fait que son travail d’information”.
Poursuivi pour “création d’un compte électronique consacré à la diffusion d’informations susceptibles de provoquer la ségrégation et la haine dans la société”, “diffusion volontaire de fausses informations susceptibles d’attenter à l’ordre public” et “usage de divers moyens pour porter atteinte à la sûreté et l’unité nationale”, le journaliste risque jusqu’à dix ans de prison.
Contacté par RSF, l’un de ses avocats, Maître Amirouche Bakouri, considère l’incarcération de Rabah Karèche comme “un cas exceptionnel en Algérie”, regrettant que “l’article 54 de la Constitution ne soit qu’un discours politique et une vitrine pour l’étranger”. Le texte, qui inscrit dans la Constitution et garantit la liberté de la presse “écrite, audiovisuelle et sur les réseaux sociaux”, la limite toutefois au “droit de diffuser des informations, des idées, des images et des opinions dans le cadre de la loi et du respect des constantes et des valeurs religieuses, morales et culturelles de la nation”.
L'Algérie figure à la 146e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF. Le pays a perdu 27 places depuis 2015.