Algérie: l’émission satirique “Ki hna Ki ennass” empêchée de diffusion
Reporters sans frontières (RSF) fait part de son inquiétude suite à la mise sous scellé le 19 juin 2016 de l’émission “Ki hna Ki ennas” animée par Mustapha kessaci pour le compte de la télévision KBC et demande aux autorités de permettre à la chaîne de récupérer son matériel rapidement.
Samedi 19 juin, la gendarmerie nationale est intervenue pour mettre sous scellé le studio où s'enregistrait l’émission “Ki hna ki ennass” de la chaîne KBC, propriété du groupe de presse El Khabar. La raison invoquée étant que ces studios avaient déjà été utilisés par la chaîne Atlas TV, laquelle a été fermée par les autorités en 2015. Jusqu’ici, dix épisodes avaient été enregistrés et diffusés. Suite à cette fermeture, sept personnes dont le directeur de KBC, Mahdi Benaissa ainsi que les propriétaires de la bâtisse ont été convoqués par le procureur de la République qui a décidé d’ouvrir une enquête. Les propriétaires du local ont été interpellés et mis sous mandat de dépôt.
“Le timing de cette affaire nous laisse pour le moins perplexe, déclare Yasmine Kacha, responsable du bureau de RSF en Afrique du nord. Si la légalité de l’action judiciaire engagée par les autorités n’est pas à questionner, il semble que celles-ci ne se soient décidées à sévir qu’au moment où le studio accueillait l’enregistrement d’une émission d’actualité. Il est légitime alors de se demander si ce n’est pas le contenu et le ton libre de ce programme qui sont ciblés. D’autant plus quand on sait que la chaîne Numédia News par exemple, réputée proche du pouvoir, utilisait ces studios quelques semaines auparavant sans se voir inquiétée. RSF demande aux autorités algériennes de permettre à KBC de récupérer le matériel de ce studio afin que les enregistrements de l’émission puissent reprendre, en toute indépendance.”
Cette nouvelle affaire touchant le groupe El Khabar intervient quelques jours après le gel temporaire par la justice de son rapprochement financier avec le groupe privé Nessprod. Dans un communiqué, RSF s’est dite choquée par cette décision et à appeler au respect du choix des journalistes et des propriétaires du média.
L’Algérie occupe la 129e place sur 180 dans le Classement 2016 de la liberté de la presse, publié par RSF.