En enrichissant constamment sa panoplie d'arguments fallacieux pour faire taire les journalistes et les rares publications indépendantes du pays, Alexandre Loukachenko a plus que jamais sa place parmi les prédateurs de la liberté de la presse dénoncés par Reporters sans frontières.
Alexeï Karol, rédacteur en chef de l'hebdomadaire Zhoda, a reçu le 27 avril une lettre de Vladimir Ramanovsky, procureur de l'arrondissement Partyzanski de Minsk, lui annonçant que sa rédaction était poursuivie pour « insulte au Président » (article 368 du code pénal).
Des photomontages humoristiques, réalisés par le journaliste Ales Zdzvizhkow et qui représentaient plusieurs hommes politiques, dont Alexandre Loukachenko, avaient été saisis dans l'appartement qui abrite la rédaction de Zhoda, lors d'une opération menée, le 24 mars, par un « groupe d'enquêteurs » dépourvus de mandat de perquisition.
Selon Vladimir Ramanovsky, la découverte de ces montages justifie la saisie des quatre ordinateurs de la rédaction, ceux-ci ayant servi à leur impression.
Ales Zdzvizhkow est l'auteur d'une quarantaine de collages qui ont été publiés dans les numéros de Zhoda depuis 1999 et qui n'ont jamais suscité de réaction de la part du ministère de l'Information.
L'article 368 du code pénal prévoit des amendes et des peines de prison allant jusqu'à deux
ans.
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Les ordinateurs d'un journal indépendant saisis par la police et le KGB
25 mars 2005
Reporters sans frontières « s'inquiète de la dégradation constante de la liberté de la presse et rappelle que le président Alexandre Loukachenko fait partie des prédateurs de la liberté de la presse dénoncés par l'organisation. Une fois de plus, les autorités utilisent des arguments fallacieux afin d'étouffer les rares journaux indépendants qui tentent de subsister au Bélarus. Quelle que soit l'importance de son tirage, dès lors qu'une publication est jugée subversive par les autorités, ces dernières s'emploient à la faire disparaitre».
Le 24 mars vers 11 heures, la police de l'arrondissement Parizansky de Minsk et plusieurs membres du KGB en civil ont saisi quatre ordinateurs et des équipements d'imprimerie de l'hebdomadaire indépendant Zhoda (5 000 exemplaires). Les responsables de l'hebdomadaire sont accusés par les autorités d'avoir installé illégalement leurs bureaux dans un appartement.
Les membres de la police et du KGB qui se sont présentés aux journalistes de la rédaction de Zhoda comme un « groupe d'enquêteurs », étaient dépourvus de mandat de perquisition. Après être restés environ trois heures dans l'appartement qui abrite le journal, ils ont convoqué Alexeï Karol, rédacteur en chef de l'hebdomadaire, au bureau de police local.
« L'officier du KGB en civil qui dirigeait les opérations a refusé de dévoiler son identité et a déclaré que le journal était considéré comme subversif et antiprésidentiel et qu'il agissait à la suite d'une plainte déposée contre Zhoda. Je suis sûr qu'il fait allusion aux interviews de figures de l'opposition, Alexandre Kozuline et Andrei Klimov, que nous avons publiées dernièrement », a précisé Alexeï Karol. Selon cet officier du KGB, le journal serait également « suspecté de violer la législation économique ».
La saisie des quatre ordinateurs de l'hebdomadaire compromet gravement la sortie du prochain numéro du journal.
Zhoda avait déjà été suspendu pendant un mois, du 5 février au 5 mars, par le ministère de l'Information qui lui reprochait d'avoir indiqué une adresse d'enregistrement différente de celle où travaillent réellement les journalistes de la rédaction.