Leyla Yıldızhan, plus connue sous le pseudonyme de
Deniz Firat, a été mortellement blessée le 8 août 2014, aux environs de 17 heures (heure locale). La journaliste couvrait l’attaque perpétrée par des djihadistes de l’Etat islamique d’Irak et du Levant (ISIS) sur le camp de réfugiés de Makhmour, situé à 40 km au sud-ouest d’Erbil, lorsqu’elle a été touchée au coeur par des éclats d’obus de mortier. Son corps a été rapatrié en Turquie le lendemain pour être enterré dans sa province natale de Van (est du pays).
Reporters sans frontières présente ses condoléances à la famille et aux proches de la journaliste. “
Une enquête doit être ouverte afin de détérminer les circonstances exactes de la mort de Leyla Yıldızhan,” déclare l’organisation. “
Le caractère tragique de cet incident doit rappeler à l’ensemble des parties au conflit combien le travail des journalistes est primordial en temps de guerre. Tous les efforts doivent être déployés pour garantir leur sécurité, tout comme pour garantir la protection des populations civiles”.
Reporter pour l’agence de presse kurde
Firat News Agency, basée aux Pays-Bas et proche du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), Leyla Yıldızhan travaillait également pour plusieurs autres médias, tels que
Rohani TV,
Sterk TV et
IMC TV. Elle avait fait de nombreux
reportages depuis les lignes de front en Syrie, dans les zones à population majoritairement kurde (Rojava), ou en Irak. Ayant
grandi dans le camp de réfugiés de Makhmour, elle avait, d’après les médias, une fine connaissance du terrain.
Leyla Yıldızhan est la deuxième professionnelle de l’information à trouver la mort depuis le début de l’offensive des rebelles islamistes en Irak en juin.
Khaled Ali Hamada, cameraman de la chaîne satellitaire
Al-Ahad TV, avait été
tué le 16 juin dernier à Diyala (nord-est de Bagdad).
Les frappes américaines dans le nord de l’Irak visent à stopper l’avancée des djihadistes d’ISIS vers Erbil, capitale de la région autonome du Kurdistan irakien, qui donne lieu à de violents combats avec les forces kurdes (Peshmergas) depuis fin juillet. Selon plusieurs médias, l’attaque sur la ville de Makhmour s’est soldée par la mort d’une
vingtaine de personnes, dont une majorité appartenant à l’ISIS. La ville de Makhmour ainsi que celle de Gwer ont finalement été reprises le 10 août par les forces kurdes, une opération rendue possible par le soutien américain, a
déclaré Halgord Hekmat, porte-parole des forces kurdes.
Reporters sans frontières rappelle que le camp de Makhmour a été mis en place dans la province de Ninive
dans les années 90 par les Nations unies, pour assurer la protection des familles et des membres du PKK alors persécutés par les autorités turques.
A noter que depuis le 8 août 2014, l’accès aux réseaux sociaux Facebook et Twitter a été
rendu difficile dans la région autonome du Kurdistan irakien. D’aucuns évoquent
l’argument sécuritaire et la nécessité de ne pas démoraliser la population. D’après des informations recueillies par l’organisation, de nombreux médias indépendants ont été empêchés de se rendre dans cette zone pour couvrir les combats.