Sri Lanka : un reporter tamoul emprisonné pour terrorisme
Accusé à tort d’avoir publié des photos en lien avec la guérilla tamoule, un journaliste croupit en prison depuis près de deux mois. Reporters sans frontières (RSF) appelle le parquet srilankais à ordonner sa libération immédiate et à abandonner les charges kafkaïennes qui pèsent contre lui.
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Actualisation - 7 mars 2022
Murugupillai Kokulathasan a été libéré sous caution par le tribunal de première instance de Valaichenai le 7 mars 2022, après une période de détention longue de plus de quinze mois. Il est toujours poursuivi sur le fond au motif de la loi sur la prévention du terrorisme. RSF condamne ce maintien en prison excessivement long et, face à l'inconsistance du dossier d'instruction, et exige l'abandon immédiat des poursuites fallacieuses dont il est l’objet.
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Ce samedi 16 janvier, cela fera cinquante jours qu’il croupit en prison. Interpellé dans le plus grand secret le 28 novembre dernier, dans la ville de Batticaloa, dans l’est de l’île, le journaliste indépendant Murugupillai Kokulathasan est visé par une procédure intentée contre lui au motif de la loi sur la prévention du terrorisme, un texte draconien régulièrement invoqué pour faire taire les journalistes.
Le reporter a été arrêté pour avoir prétendument posté sur Facebook des photos en lien avec la rébellion séparatiste des Tigres tamouls, écrasé dans le sang en 2009. Or, selon des sources recoupées par RSF, le journaliste s’est en réalité contenté de poster un message d’information sur les commémorations des civils morts durant la guerre civile - que mènent chaque année, fin novembre, les membres de la minorité tamoule du Sri Lanka.
“L’arrestation de Murugupillai Kokulathasan et son maintien en détention pour le motif kafkaïen de ‘terrorisme’ est une atteinte manifeste à la liberté de la presse, prévient le responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF, Daniel Bastard. Nous appelons l’avocat général du Sri Lanka, Dappula de Livera, à ordonner sa libération immédiate et inconditionnelle. Les forces de sécurité doivent cesser de harceler tout journaliste qui aborde de près ou de loin la question tamoule.”
Il y a un an, RSF révélait comment, dans la même ville de Batticaloa, sept journalistes avaient été l’objet de menaces de mort sur des tracts diffusés un peu partout dans la ville. Ils étaient là aussi accusés d’avoir “accepté de l’argent des Tigres [tamouls] à l’étranger” - une mise en garde accompagnée d’une photo des reporters avec la tête entourée d’une cible. La police de la ville avait refusé d'enregistrer leur plainte et de leur offrir une protection.
Le Sri Lanka occupe la 127e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2020.