Raif Badawi, cinq ans de trop dans les prisons saoudiennes
A l’occasion du cinquième anniversaire de la détention du blogueur Raif Badawi, Reporters sans frontières (RSF) renouvelle son appel aux autorités saoudiennes à sa libération immédiate et sans conditions.
Le 17 juin, cela fera cinq ans que le jeune citoyen-journaliste Raif Badawi est emprisonné à Jeddah, en Arabie saoudite, pour avoir créé et animé un site de discussion en ligne. A cette date, il aura seulement purgé la moitié de sa peine, mais sa femme et ses trois enfants réfugiés à Sherbrooke au Canada depuis fin 2013 espèrent qu’il bénéficiera d’un pardon royal à l’occasion du Ramadan et de l’Aïd al-Fitr. Le blogueur avait été condamné en mai 2014 pour “insulte à l’islam” à 10 ans de prison, 1000 coups de fouets, un million de rial saoudien en plus d’une interdiction de quitter le territoire pendant 10 ans après sa libération.
“Raif Badawi vient de passer cinq ans en prison, une peine déjà totalement disproportionnée par rapport aux faits qu’on lui reproche ” déclare Alexandra El Khazen, responsable du bureau Moyen-Orient. “Nous demandons aux autorités saoudiennes de libérer le blogueur sans condition afin de lui permettre de retrouver sa famille qui ne doit pas attendre encore 15 ans avant de le revoir”.
Sa femme Ensaf Haidar, qui tente de mobiliser des soutiens à travers le monde pour sa libération, était en mai dernier à Londres avec RSF et English PEN afin de rencontrer des avocats qui travaillent sur le cas de son mari. A cette occasion, elle avait déclaré: “ C’est toujours très difficile pour nous, sa famille, cinq ans plus tard, mais j’essaye de rester positive.”
Le lauréat du prix RSF 2014 dans la catégorie net-citoyen a subi une première séance de flagellation en janvier 2015, provoquant un tollé international. Les séances suivantes ont été reportées, notamment pour raisons médicales. Le citoyen-journaliste, qui bénéficie d’un fort soutien au sein de la communauté internationale, s’est vu décerner de nombreuses récompenses au cours de ces dernières années, la plus illustre étant le prix Sakharov 2015.
Raif Badawi est accusé d’avoir violé l’article 6 de la loi anti-cybercriminalité qui concerne tout traitement d’information allant à “l’encontre de l’ordre public, des valeurs religieuses, des morales publiques et de la vie privée”. Il est notamment accusé d’avoir critiqué et tourné en ridicule la police religieuse dans son site de discussion intitulé “Liberal Saudi Network”. Il avait même été arrêté une première fois en 2008 et interrogé pendant quelques heures peu après la création du site internet. La cofondatrice de ce site et militante des droits humains Souad Al-Chammari avait elle-même été arrêtée en octobre 2014 et libérée trois mois plus tard pour des tweets jugés insultant à l’islam et portant atteinte à l’ordre public.
11 journalistes et journalistes-citoyens sont actuellement emprisonnés en Arabie saoudite en lien avec un travail d’information. Le pays figure à la 168ème place du Classement 2017 de la liberté de la presse établi par RSF.