La 23e édition du Prix pour la liberté de la presse, organisée à Strasbourg le soir du 5 novembre 2014, a honoré la “Journaliste de l’année”
Sanjuana Martinez, journaliste freelance mexicaine et collaboratrice du quotidien
La Jornada à Mexico qui a subi des menaces graves pour son engagement en faveur des femmes et des enfants victimes de maltraitance. Dans la catégorie “médias”, le lauréat est le quotidien libérien
Frontpage Africa, qui prouve la possibilité d’un journalisme d’investigation rigoureux et de qualité en dépit des intimidations gouvernementales. Dans la catégorie net-citoyen, le jury a choisi de rendre hommage au blogueur et militant des droits de l’homme saoudien
Raef Badawi, qui a payé de sa liberté le prix de sa lutte pour la vérité.
En partenariat avec
TV5Monde depuis 2011, l’objectif de la récompense est d'encourager, de soutenir et de faire connaître le travail de journalistes, de médias et de net-citoyens ayant contribué de manière notable à la défense ou à la promotion de la liberté dans le monde. La cérémonie s’est tenue pour la deuxième année consécutive à l’occasion du Forum Mondial de la Démocratie à Strasbourg, en présence de Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières, Alain Le Gouguec, président du conseil d’administration, Pascal Guimier, directeur de la rédaction de
TV5Monde, Roland Ries, maire de Strasbourg et du Conseil de l’Europe.
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Le jury du prix pour la liberté de la presse comprenait cette année des personnalités aussi prestigieuses que la lauréate du prix Nobel de la Paix Shirin Ebadi, le journaliste d’investigation italien Roberto Saviano et l’ancienne journaliste haïtienne Michèle Montas, ancienne porte-parole de Ban Ki-Moon, déclare Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières.
Alors que la violence contre les journalistes a connu cette année un degré d’horreur et des proportions inimaginables, il est essentiel de rendre hommage aux journalistes, médias et net-citoyens qui font preuve d’un héroïsme salutaire pour des millions de gens."
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Pour TV5Monde l'implication aux côtés de RSF est une évidence car notre chaîne francophone porte chaque jour les valeurs universelles de la francophonie dans les 200 pays où nous sommes présents. Si TV5Monde a choisi de soutenir fidèlement ce Prix, c'est pour s'engager aux côtés de ceux qui oeuvrent au quotidien pour témoigner, parfois au prix de leur vie, de ce monde en rébellion, de cette actualité de guerre qui chaque jour menace toujours plus la démocratie, la liberté de la presse", déclare Pascal Guimier, directeur de la rédaction de
TV5Monde.
Consacrée journaliste de l’année 2014, Sanjuana Martinez a été menacée de mort après la publication d’un livre sur des affaires d’abus sexuels au sein du clergé catholique au Mexique. En plus de ses reportages, la journaliste a publié plusieurs livres sur des thèmes liés à des scandales dans l’église catholique, au trafic de drogue au Mexique et à l’immigration vers les États-Unis. Elle a remporté un grand nombre de prix nationaux de journalisme et, en septembre 2013, le magazine américain
Forbes la classait parmi les 50 femmes les plus influentes du pays. Le Mexique est l’État le plus meurtrier pour les journalistes sur le continent américain, comptant plus de 80 journalistes assassinés depuis 2000 en relation évidente ou possible avec leur activité professionnelle.
Le quotidien
Frontpage Africa s’illustre depuis plusieurs années par un journalisme d’investigation rigoureux qui a permis de mettre en lumière de nombreuses affaires de corruption et de népotisme parmi les classes dirigeantes du Liberia. La fiabilité de ses reportages est reconnue au-delà de ses frontières et le quotidien est l’une des sources premières d’informations pour la diaspora, n’hésitant pas à publier sur des sujets tabous. Sa couverture de l’épidémie d’Ebola qui ravage actuellement le Liberia en est l’illustration parfaite dans un pays où les journalistes peinent à faire leur travail. Le journal dérange. Tous les moyens sont bons pour l’empêcher de paraître. Pendant trois mois en 2013,
Frontpage Africa a été contraint de cesser sa parution lors de l’emprisonnement de son rédacteur en chef,
Rodney Sieh. Le Liberia occupe la 80ème place sur 180 au
Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.
Blogueur et militant saoudien de 30 ans, Raef Badawi est le cofondateur du site internet
Liberal Saudi Network, un réseau de discussions en ligne dont l’objectif est d’encourager les débats politiques, religieux et sociaux en Arabie saoudite.
Ce site internet lui a valu d’être arrêté en juin 2012 pour violation de l’article 6 de la loi anti-cybercriminalité qui concerne tout traitement d’information allant à “
l’encontre de l’ordre public, des valeurs religieuses, des morales publiques et de la vie privée”. Raef Badawi a été condamné en première instance en juillet 2013 à sept ans de prison et 600 coups de fouet pour avoir violé les valeurs islamiques et propagé des valeurs libérales. Le site internet fut fermé par les autorités. En mai 2014, lors d’un procès entaché d’irrégularités, le blogueur était condamné à dix ans de prison ferme, 1000 coups de fouet ainsi qu’une amende d’un million de rials saoudiens (environ 200 000 euros), pour “insulte à l’islam”. Sa peine a été confirmée le 1er septembre 2014 par la Cour d’appel de Riyad. L’Arabie saoudite occupe la 164ème place sur 180 au
Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF .
Reporters sans frontières et
TV5Monde tiennent également à rendre hommage à tous les autres nominés de l’édition 2014 :
● Dans la catégorie “journaliste” :
Sarmad Al-Ta’I (Irak),
Ilya Azar (Russie),
Tomislav Kezarovski (Macédoine),
Bheki Makhubu (Swaziland),
Hamid Mir (Pakistan),
James Risen (Etats-Unis)
● Dans la catégorie “média” :
Malaysiakini (Malaisie),
Radio Puca Opalaca (Honduras) ,
Turan (Azerbaïdjan)
● Dans la catégorie “net-citoyen” :
Ilham Tohti (Chine),
Emrah Uçar au nom de la plate-forme
Ötekilerin Postası (Turquie),
Zone 9 (Ethiopie)