Les autorités manipulent Interpol pour faire taire une radio et un site Internet en exil
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Le 28 décembre 2005, la police sri lankaise a perquisitionné à la demande d'Interpol, les locaux du site Internet Minivannews.com et de la radio Minivan à Colombo. A l'origine de cette mesure, une dénonciation sans fondement, des autorités maldiviennes. Une partie des journalistes ont fui le pays et la radio a cessé d'émettre de peur de nouvelles représailles.
Reporters sans frontières est indignée par les pressions répétées du gouvernement maldivien sur Interpol. « Accuser sans aucune preuve des journalistes et des médias indépendants d'activités criminelle, auprès d'Interpol est devenue une habitude déplorable du gouvernement de Malé. Il s'agit d'une politique d'intimidation qui prive des milliers de Maldiviens d'une information indépendante, a affirmé Reporters sans frontières. Nous demandons à Interpol d'enquêter sur ces manipulations grossières de la part du gouvernement des Maldives. »
Déjà, en 2002, le journaliste et opposant Ahmad Didi avait été arrêté au Sri Lanka suite à une dénonciation pour « détention de faux passeport » auprès d'Interpol. Il est actuellement en résidence surveillée aux Maldives En 2003, le gouvernement de Malé avait tenté de faire interpeller à deux reprises le journaliste Ibrahim Luthfee après le dépôt d'une plainte auprès d'Interpol. Enfin, en 2005, les autorités avaient obtenu de l'Inde l'extradition du militant d'opposition Ibrahim Asif après l'avoir faussement accusé d'activités terroristes.
Interrogé par Reporters sans frontières, un responsable de la police criminelle sri lankaise (Criminal Investigation Department) a confirmé qu'une perquisition avait été effectuée dans les locaux du site Internet et de la radio indépendants maldiviens à Colombo. Aucune arme n'y a été trouvée et l'affaire a été close. Selon plusieurs sources, Adam Zahir, chef de la police des Maldives, a informé Interpol que des armes étaient cachées dans les locaux de ces médias en exil. Il les aurait accusés de se préparer à renverser par la force le gouvernement d'Abdul Gayoom.
Selon Paul Roberts, journaliste anglais du Minivanews.com, la majorité de la rédaction a quitté le pays de peur de nouvelles actions des autorités maldiviennes au Sri Lanka. « Suite à cette descente de police, nous sommes obligés de suspendre temporairement les émissions de la radio. C'est ce qu'espéraient les durs du gouvernement à Malé », a précisé le journaliste à Reporters sans frontières. La radio Minivan, animée par le journaliste Ahmed Naseer, était disponible sur Internet depuis seize mois.
Depuis sa création, le groupe de presse Minivan est harcelé et censuré par le gouvernement d'Abdul Gayoom. Le quotidien Minivan, lancé en juillet 2005, ne peut plus paraître normalement depuis août, en raison de pressions policières sur son imprimeur. Le site Internet Minivannews.com est consulté en moyenne par 60 000 personnes chaque jour, tandis que la radio Minivan, diffusée sur Internet et en ondes courtes depuis l'Allemagne, est régulièrement brouillée à Malé.
Enfin, la majorité des journalistes de Minivan est poursuivie en justice. La photoreporter Jennifer Latheef a été condamnée à dix ans de prison pour « acte terroriste ».
Les Maldives étaient classées, en octobre 2005, à la 148e position sur 167, dans le classement mondial de la liberté de la presse élaboré par Reporters sans frontières.
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Publié le
Updated on
20.01.2016