Le reporter bangladais Shelu Akand attaqué et laissé pour mort
Il a été l’objet d’un passage à tabac pour avoir voulu témoigner contre un clan responsable de violence à l’encontre d’un confrère. Reporters sans frontières (RSF) demande au ministère public de poursuivre tous les responsables de cette agression intolérable.
Il est alité, les deux jambes dans le plâtre, pour au moins trois semaines supplémentaires. Le journaliste Shelu Akand a frôlé la mort, dans la nuit du 18 décembre dernier, après avoir été battu par une dizaine d’individus. “Ils m’ont attaqué avec des barres de fer, a-t-il expliqué auprès de RSF depuis son lit d’hôpital. Ils m’ont cassé les deux jambes et m’ont jeté au bord du fleuve Brahmapoutre, pensant que j’étais mort. Je ne dois mon salut qu’à des passants qui m’ont sauvé et ont alerté la police.”
Reporter pour le quotidien Palli Kantho Protidin, et correspondant du magazine Bangla Bazar Patrika à Jamalpur, dans le nord du Bangladesh, Shelu Akand enquêtait notamment sur les activités d’un conseiller municipal, Hasanuzzaman Khan, et de son fils Rakib.
Surtout, il devait témoigner contre eux parce qu’il avait assisté au passage à tabac, le 26 mai 2019, de son confrère Mustafa Monju, lui-même correspondant du Kaler Kantho à Jamalpur. Instigateur de ces brutalités, le clan Khan, père et fils, avait plusieurs fois menacé Shelu Akand de représailles funestes s’il venait à témoigner. Après une plainte déposée par le frère de ce dernier, la police a finalement arrêté Rakib Khan, mais a laissé son père en liberté.
“Crédilbilité”
“La violence dont a été l’objet Shelu Akand est absolument terrifiante, et la police aurait dû prendre des mesures pour assurer sa protection en tant que témoin comme en tant que journaliste, déclare Daniel Bastard, responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF. Nous appelons le parquet de Jamalpur à lancer des poursuites contre tous les responsables de ces brutalités, à commencer par le conseiller municipal Hasanuzzaman Khan, qui ne peut bénéficier de protection politique. Il en va de la crédibilité de l’état de droit bangladais.”
Dépêché en urgence à l’hôpital général de Jamalpur, Shelu Akand a dû être rapidement transféré vers l'Institut national de traumatologie de la capitale, Dacca, en raison de la gravité de ses blessures. Interrogés par RSF, les chirurgiens ont affirmé devoir procéder à de nouvelles opérations.
En chute de quatre places par rapport à 2018, le Bangladesh se situe actuellement à la 150e place sur 180 pays dans le Classement mondial pour la liberté de la presse établie par RSF.