Hong Kong gagnée par l’usage chinois du « chantage au visa » contre la presse
Reporters sans frontières (RSF) condamne le refus opposé par le bureau de l’immigration hongkongais à une demande de visa de travail déposée par le média indépendant Hong Kong Free Press (HKFP) et dénonce l’extension dans le territoire de la pratique chinoise du « chantage au visa » contre la presse.
Le 25 août, le bureau de l’immigration hongkongais a rejeté sans explications une demande de visa de travail déposée il y a six mois par le média indépendant Hong Kong Free Press (HKFP) pour un journaliste qu’il souhaitait recruter, Aaron Mc Nicholas, originaire d’Irlande. En mai, ce même bureau avait déjà rejeté la demande de visa de Chris Buckley, un correspondant du New York Times qui venait de se faire expulser de République populaire de Chine (RPC). En 2018, le gouvernement avait aussi expulsé un journaliste du Financial Times, Victor Mallet, qui avait animé un débat déplaisant à Pékin.
« La pratique dans le territoire hongkongais de la méthode chinoise du « chantage au visa », destiné à intimider les journalistes étrangers, est extrêmement préoccupante et en totale contradiction avec le principe de liberté de la presse inscrit dans la Loi fondamentale, insiste Cédric Alviani, directeur du bureau Asie de l'Est de Reporters sans frontières (RSF), qui voit dans ce phénomène « un nouveau signe de l’accélération du déclin de la liberté de la presse depuis l'adoption, il y a deux mois, d'une loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin ».
La loi sur la sécurité nationale permet au régime de Pékin d’intervenir directement dans la région administrative spéciale de Hong Kong pour réprimer avec une apparence de légalité tout ce qu’il considère comme relevant du « terrorisme », de la « sécession », de la « sédition » et de l’« interférence étrangère ». Le 10 août 2020, Jimmy Lai, le fondateur du quotidien indépendant Apple Daily, a été arrêté à son domicile pour « collusion avec des puissances étrangères » alors que deux cent policiers investissaient les locaux du journal.
Hong Kong Free Press, un média indépendant en langue anglaise fondé en 2015, financé par ses lecteurs et à but non lucratif, a largement couvert les manifestations pro-démocratie de l'année dernière à Hong Kong, ce qui a sans doute irrité le gouvernement pro-Pékin.
Dans une déclaration commune publiée le 19 Août, Reporters sans frontières (RSF) et une coalition d’ONG avaient exprimé leur inquiétude concernant le déclin des libertés à Hong Kong.
Autrefois bastion de la liberté de la presse, Hong Kong a chuté du 18e rang en 2002 au 80e rang en 2020 dans le Classement mondial RSF de la liberté de la presse. La République populaire de Chine stagne pour sa part au 177e rang sur 180.