Arabie saoudite : "il est grand temps de libérer Raif Badawi !"
Cela fait désormais neuf ans, sur les dix auxquels il a été condamné pour “insulte a l’islam”, que le blogueur saoudien Raif Badawi est emprisonné. Reporters sans frontières (RSF) appelle à sa libération anticipée et à la levée de son interdiction de quitter le territoire.
Neuf ans derrière les barreaux et 50 coups de fouet. Le blogueur saoudien Raif Badawi a déjà payé un lourd tribut. Pour avoir créé un forum, Free Saudi Liberals (fermé par les autorités), destiné à ouvrir le débat dans une société où le conservatisme et la religion règnent et où les droits des femmes ou encore la sexualité restent tabous, il est emprisonné dans des conditions extrêmement sévères depuis le 17 juin 2012, après avoir été condamné en dernière instance à dix ans de prison pour “insulte à l’islam” assortis de mille coups de fouet et dix ans d’interdiction de quitter le territoire. Il avait été initialement accusé d’apostasie, un crime passible de la peine de mort en Arabie saoudite.
“Il est grand temps de libérer Raif Badawi dont l’état de santé suscite les plus vives inquiétudes, déclare le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire. Nous appelons les autorités saoudiennes à le libérer immédiatement et à renoncer à l'interdiction qui lui sera faite à sa libération de quitter le territoire, pour qu'il puisse enfin retrouver les siens après toutes ces années.”
Si les séances de coups de fouet ont été interrompues début 2015 et que la peine de flagellation a été abrogée il y a un peu plus d’un an dans le Royaume, Raif Badawi reste placé en cellule d’isolement. Ses contacts avec l’extérieur se réduisent à deux appels par semaine avec son épouse Ensaf et ses enfants installés au Canada. Quand leurs échanges, très brefs et sous écoute, ne sont tout simplement pas coupés. Sa famille reçoit parallèlement des nouvelles très inquiétantes : Raif Badawi aurait engagé une grève de la faim, il aurait été transporté à l'hôpital puis remis à l’isolement, son état de santé serait préoccupant… mais sans jamais pouvoir les confirmer.
L’enfer ne sera pas pour autant terminé à sa sortie de prison : Raif Badawi devra rester dix années supplémentaires éloigné de sa famille exilée au Canada en raison de l’interdiction de quitter le territoire imposée par la justice. Aujourd’hui, son épouse Ensaf se bat pour que Raif obtienne la nationalité canadienne afin qu’il puisse quitter l’Arabie saoudite au terme de sa peine de prison.
L’Arabie saoudite occupe la 170e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.