Abbas Kakavand, ancien journaliste du quotidien conservateur Ressalat, incarcéré le 7 juin pour "publication de fausses informations", a été libéré le 10 juin, après le versement d'une caution de 100 millions de rials (environ 11 600 euros). Il sera néanmoins jugé pour les différentes plaintes déposées contre lui.
Abbas Kakavand, ancien journaliste du quotidien conservateur Ressalat, incarcéré le 7 juin, pour "publication de fausses informations", a été libéré le 10 juin en fin de journée, après le versement d'une caution de 100 millions de rials (environ 11 600 euros). Détenu trois jours à la prison d'Evin, dans le quartier des prisonniers de droit commun, Abbas Kakavand sera jugé pour les différentes plaintes déposées contre lui, notamment par la Fondation Imam Khomeyni. La date du procès n'a pas encore été annoncée.
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09.06.2004
Un journaliste emprisonné pour des articles publiés en ligne
Reporters sans frontières appelle à la libération d'Abbas Kakavand, ancien journaliste du quotidien conservateur Ressalat, incarcéré le 7 juin, pour "publication de fausses informations". Le journaliste avait signé sur le site gooya.com plusieurs articles dénonçant la corruption et les rentes politiques dont nombres de responsables conservateurs bénéficient.
"Cette nouvelle incarcération, témoignage flagrant de la violation systématique de la liberté de la presse en Iran, intervient quelques jours avant l'ouverture du dialogue "constructif" sur les droits de l'homme, entre la République islamique et l'Union européenne. Cette dernière ne semble pas encore avoir réalisé que depuis l'ouverture de ce dialogue, il y a plus de trois ans, la situation de la liberté d'expression s'est dangereusement dégradée. Aucun journaliste n'est à l'abri de la répression, pas même ceux ayant collaboré à l'un des journaux les plus officiels de l'Etat. Les sites Internet en persan, qui jouent un rôle majeur dans la diffusion de l'information, sont de plus en plus étroitement contrôlés. La République islamique, qui continue de prétendre qu'elle respecte les normes internationales en matière de droits de l'homme, doit libérer au plus tôt les treize journalistes incarcérés dans le pays", a déclaré Reporters sans frontières.
Abbas Kakavand, mis en examen le 7 juin 2004 par la 6e chambre correctionnelle du tribunal de Téhéran, a été incarcéré sur-le-champ, ne pouvant verser la caution de 100 millions de rials (environ 11 600 euros) qui lui était réclamée. Depuis le mois de février, alors qu'il venait de quitter Ressalat, Abbas Kakavand avait publié plusieurs articles dénonçant la corruption du personnel politique dans des quotidiens réformateurs et sur gooya.com. Ce site d'informations, très populaire en Iran, avait été bloqué pendant quelques jours par les autorités avant les élections législatives de février 2004, comme d'autres sites réformateurs. Le 3 avril, il est convoqué par la justice. Le jour de sa convocation au tribunal, le 7 juin, une interview d'Abbas Kakavand accusant la plupart des responsables politiques conservateurs et des députés du 7e Parlement (à très forte majorité conservatrice) de "voler dans les caisses de la fondation de l'Imam Khomeyni", pour financer leur campagne électorale, avait été publié sur ce site. Hadad Adel, actuel président du parlement iranien, était cité.
Le régime iranien censure des milliers de sites jugés "non islamiques", harcèle et emprisonne des journalistes en ligne. Malgré tout, le Web iranien est florissant : les débats politiques sont virulents et les weblogs se développent à grande vitesse. Reporters sans frontières publiera, le 22 juin 2004, un rapport Internet sous surveillance qui rend notamment compte du contrôle exercé par les autorités iraniennes sur le Net. Ce rapport sera disponible intégralement sur www.internet.ikiepewlso.tudasnich.de.
Avec 13 journalistes emprisonnés, l'Iran est la plus grande prison de journalistes au Moyen-Orient