Vague de violence dans l’État de Tamaulipas : un journaliste porté disparu parmi d’autres possibles

La terreur règne au sein des médias de l’État frontalier du Texas de Tamaulipas, livré à de nouveaux affrontements violents entre narcotrafiquants et où huit disparitions de journalistes ont été signalées, sans pouvoir être toutes confirmées. Les journaux se taisent par crainte des représailles. “Nous ne voulons pas mourir”, nous a-t-on dit dans les rédactions. Nous craignons que la liberté de la presse ne survive pas à une situation qui s’apparente de plus en plus à celle de Ciudad Juárez, autre bastion sanglant du narcotrafic. “C’est vrai, il y a cinq journalistes disparus dès la semaine dernière, mais personne ne veut rien dire, seul Dieu sait où ils se trouvent”, nous a assuré un journaliste local qui a requis l’anonymat. Le ministère de la Justice de l’État de Tamaulipas (PGJE) a confirmé la disparition, le 1er mars 2010, de Miguel Angel Domínguez Zamora, du quotidien El Mañana, à Reynosa. Concernant les autres cas similaires, la PGJE a assuré n’avoir reçu aucune plainte. Nos prises de contacts avec les rédactions sont restées sans réponse claire. Par ailleurs, le 2 mars 2010, le journaliste Jorge Rábago Valdez, employé des groupes radiophoniques Radio-Rey et Reporteros en la Red, est décédé dans des circonstances qui font désormais polémique. La PGJE a soutenu que le journaliste “marchait dans la rue quand, à la suite d’un évanouissement, il a été amené à l’hôpital où il est décédé”. Une version largement contestée par certaines sources journalistiques, selon lesquelles Jorge Rábago Valdez a été enlevé et torturé avant de recevoir des soins et a succombé à ses blessures. À ces cas s’ajoute la séquestration de deux journalistes de Milenio Televisión, heureusement libérés le 3 mars. Le directeur du média, Ciro Gómez Leyva, a écrit dans une tribune : “Ils sont blessés. Ils ont pris la décision de ne plus rien raconter. Le message que des criminels ont envoyé était clair : ‘Ne venez pas nous déranger.’ Exercer le journalisme au Mexique est de plus en plus difficile. Le journalisme à Reynosa est mort. Je n’ai rien de plus à dire.” L’auteur a laissé symboliquement le reste de la page blanche. Au Mexique l’information tue. La rumeur aussi. Pays le plus meurtrier du continent pour les journalistes, le Mexique compte trois tués depuis le début de l’année 2010. Photo : "On ne tue pas la vérité en tuant les journalistes" eljustoreclamo.blogspot.com
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Updated on 20.01.2016