Vague de fermeture de chaînes d’information Telegram en Ouzbékistan : RSF interpelle le président Mirziyoyev
Des fermetures d’une ampleur inédite ces dernières années : victimes de pressions des autorités, six blogueurs ont soudainement dû arrêter leurs activités d’information sur leurs chaînes Telegram dans le sud de l’Ouzbékistan. Reporters sans frontières (RSF) exhorte le président Mirziyoyev à tenir ses promesses et à garantir le développement d’une presse indépendante et libre.
“Nous nous sommes battus pour la ‘liberté d’expression’, mais aujourd’hui la situation est devenue grave.” Amer et dépité, le blogueur Azizbek Yazdurdiyev annonce le 5 juin, dans son dernier message, la fermeture de sa chaîne d’information sur Telegram. Sous la pression des autorités de la province méridionale ouzbèke de Kachkadaria, cinq autres blogueurs ont aussi dû cesser leurs activités sur ce réseau social. Du jour au lendemain, près de 80 000 followers ont été privés d’accès à une information de proximité, prudemment critique, délivrée par ces médias émergents.
“Ce n’est pas en attaquant à la racine les jeunes pousses journalistiques que l’Ouzbékistan parviendra à développer une presse plurielle et indépendante. Ces blogueurs réalisaient un travail médiatique indépendant, absolument vital dans certaines régions reculées, où ils sont souvent l’unique source d’information. Le président Mirziyoyev avait publiquement soutenu les journalistes lors d’un voyage dans la province de Kachkadaria, en début d’année, proposant même de sanctionner les fonctionnaires à l’origine de pressions sur les médias. RSF l’appelle à joindre le geste à la parole.
Cette soudaine vague de répression intervient après l’arrestation de trois d’entre eux : A. Abdoullaev, Maksoud Mouzaffarov et Oumid Karimov. Suite à un contrôle sur la voie publique et une tentative de faire valoir leurs droits auprès de la police, les trois blogueurs ont été condamnés à cinq jours de prison après un procès inique. La communauté des blogueurs a vivement réagi à cette nouvelle, ce à quoi les autorités ont répondu par des pressions et des menaces d’emprisonnement.
Malgré la libéralisation partielle de ce pays d’Asie centrale depuis la mort du dictateur Islam Karimov en 2016, le journalisme demeure une activité périlleuse. Le sort de Lolagoul Kallykhanova, qui avait osé couvrir les révoltes du Karakalpakistan, témoigne de l’état toujours délétère de la liberté de la presse.