Un possible règlement de comptes à l’origine de l’attentat contre le blogueur Ricardo Gama à Rio de Janeiro
Organisation :
La police a déclaré ne pas exclure des représailles liées à l’activité professionnelle dans l’attentat auquel a miraculeusement survécu le blogueur Ricardo Gama, le 23 mars 2011 à Rio de Janeiro. Reporters sans frontières demande que cette piste soit explorée. La victime est par ailleurs connue pour la virulence de ses critiques envers les autorités locales.
Ricardo Gama, 40 ans, se trouvait dans le quartier de Copacabana lorsque des individus circulant dans une voiture de couleur noire l’ont abordé en pleine rue et ouvert le feu à trois reprises dans sa direction. Le blogueur a été atteint à la tête, au cou et à l’épaule. Secouru par des témoins et aussitôt hospitalisé, il ne court plus de risque vital mais aurait partiellement perdu la vue d’un œil, d’après une source médicale citée par le site Comunique-se.
Coutumier des révélations fracassantes, Ricardo Gama tient un blog où il fustige régulièrement les hommes politiques et les autorités policières de l’État de Rio. Marqué politiquement, il a nettement pris parti contre le gouverneur de l’État, Sérgio Cabral, et le maire de la ville, Eduardo Paes. Très récemment, le blogueur a dénoncé la présence d’un “entrepreneur” impliqué dans du trafic de cocaïne dans la Rocinha, la plus importante favela de Rio.
“L’enquête doit tenir compte de ce dernier antécédent. Traiter du crime organisé (lire le rapport de Reporters sans frontières sur le sujet) expose encore les journalistes brésiliens à de lourdes menaces. Les opérations, parfois controversées, de sécurisation des favelas dans la perspective de la Coupe du monde de 2014 et des Jeux olympiques de 2016 ne vont pas manquer de mobiliser l’attention des médias. Les risques sont élevés pour les rédactions et leur personnel. La vigilance des autorités fédérales et locales ne doit pas faiblir sur ce point.”
Le Brésil a connu d’importantes avancées en matière de liberté d’expression sous la double mandature du président Inácio Lula da Silva. En témoignent l’abrogation de la loi sur la presse héritée du régime militaire de 1967, une amélioration générale de l’accès à l’information publique et des résultats dans certaines enquêtes sur des assassinats de journalistes. Le ministère fédéral de la Communication a récemment annoncé un plan facilitant l’accès aux fréquences de très nombreuses radios communautaires, ce qui constitue également un progrès compte tenu des déséquilibres du paysage médiatique. Néanmoins, toujours confrontée à une forte insécurité dans plusieurs régions, la presse souffre également de l’abus procédurier de certaines autorités locales. Cette autre forme de censure frappe notamment les blogueurs.
Publié le
Updated on
16.10.2016