Un journaliste nord-américain détenu par la police d'Aceh pour "violation de visa"
Organisation :
Le journaliste indépendant nord-américain William Nessen est détenu par la police indonésienne depuis le 24 juin 2003 à Banda Aceh (capitale de la province d'Aceh, nord de l'île de Sumatra), où il est soumis à de longues séances d'interrogatoire. Les autorités l'accusent d'avoir "violé les lois sur l'immigration" et d'avoir "abusé de son visa de journaliste". Elles le soupçonnent de soutenir ou d'espionner en faveur des rebelles du Mouvement Aceh libre (GAM). Pendant plus d'un mois, le journaliste, dont la femme est originaire de la province, a couvert l'offensive lancée par l'armée indonésienne au côté des rebelles du GAM. Ses informations devaient lui servir à la réalisation d'un livre et d'un documentaire sur le sujet. Le journaliste a refusé pendant plusieurs jours de se rendre à l'armée indonésienne, de crainte d'être abattu. Il a essuyé à plusieurs reprises des tirs de soldats. Après avoir négocié pendant plusieurs semaines sa sortie de la province, William Nessen s'est finalement livré, le 24 juin, à l'armée, dans la région de Simpang (nord d'Aceh). Affaibli, le journaliste a été interrogé par les militaires, puis remis à la police de Banda Aceh. Son mandat de détention est valable jusqu'au 11 juillet prochain. Il encourt une peine maximale de cinq ans d'emprisonnement.
La loi martiale en vigueur depuis le 19 mai en Aceh interdit aux journalistes de travailler du côté des rebelles accusés de "terrorisme".
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12.06.2003
Reporters sans frontières demande à l'armée indonésienne de garantir la sécurité du journaliste nord-américain Willian Nessen
On est sans nouvelles depuis le 10 juin 2003 du journaliste indépendant nord-américain William Nessen, qui couvre depuis plusieurs semaines les combats entre l'armée indonésienne et les rebelles du Mouvement Aceh libre (GAM), dans la province d'Aceh (nord de l'île de Sumatra). Malgré les interventions de l'ambassade américaine, l'armée indonésienne a refusé jusqu'à présent de garantir sa sécurité.
"Le gouvernement indonésien a la responsabilité d'assurer la sécurité des civils en période de conflit, y compris celle des journalistes, conformément aux conventions de Genève de 1949", a rappelé Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. Dans un courrier adressé au général Endang Surawaya, en charge de faire appliquer la loi martiale dans la province d'Aceh, l'organisation a exprimé sa plus vive inquiétude sur le sort de William Nessen. Reporters sans frontières a demandé aux autorités militaires de prendre les mesures nécessaires pour permettre au journaliste de sortir de la zone de combats.
Le 10 juin, vers 17h30 (heure de Jakarta), Shadia Marhadan, l'épouse de William Nessen, a reçu un appel téléphonique par satellite en provenance de son mari. Celui-ci lui a raconté qu'il couvrait les affrontements depuis les positions du GAM et que l'armée indonésienne venait d'ouvrir le feu sur eux, les obligeant à la fuite. A ce moment, Shadia Marhadan a entendu des coups de feu et la ligne a été coupée. Depuis, elle est sans nouvelles de son mari et craint qu'il ne soit en danger de mort.
William Nessen couvre le conflit en Aceh depuis plusieurs années. Journaliste et photographe free-lance, il a travaillé pour de nombreux journaux anglo-saxons, dont San Francisco Chronicle, The Boston Globe, The Independant et The Sydney Morning Herald. Au cours de ces dernières semaines, il n'a pas pu envoyer d'articles, en raison du blocage des moyens de communication par l'armée. Sa femme et ses proches soutiennent qu'il avait été accrédité par le gouvernement indonésien, ce que le ministère de l'Information conteste. "En tant que touriste, il n'avait pas le droit de se trouver à cet endroit", a déclaré Wahi Supriyadi, ministre indonésien de l'Information.
Dans une conférence de presse du 9 juin, le général Endang Surawaya a affirmé être au courant de la situation d'un journaliste nord-américain. "Nous ne sommes pas en mesure de garantir la sécurité des journalistes étrangers en Aceh", a ajouté le général. Le colonel Ditya Sudarsono, porte-parole de l'armée indonésienne en Aceh, a quant à lui déclaré qu'il ignore où se trouve William Nessen, mais qu'il n'y aurait selon lui plus de problème s'il s'identifiait clairement en tant que journaliste étranger.
Depuis la proclamation de la loi martiale, le 19 mai dernier, l'armée indonésienne exerce un contrôle accru de l'information sur les opérations en Aceh. Dès les premiers jours de conflit, le général Endang Surawaya a interdit aux médias de rendre compte des propos des rebelles. Selon le Comité de protection des journalistes (CPJ), plusieurs journalistes locaux et étrangers ont été arrêtés, interrogés et menacés par les forces de sécurité, pour avoir rendu compte d'abus commis par la police et les militaires. Par ailleurs, au moins six équipes de journalistes ont été la cible de tireurs embusqués sur les routes de la province, entre le 21 et le 27 mai, sans toutefois être blessés. Les autorités ont également annoncé leur intention d'interdire l'accès de la province aux étrangers, y compris aux journalistes, après qu'un touriste allemand a été tué par des tirs de l'armée début juin.
En vingt-six ans, le conflit d'Aceh a fait plus de 10 000 morts, en majorité des civils. Au moins 150 personnes ont trouvé la mort depuis le déclenchement de la nouvelle offensive militaire, destinée à anéantir le GAM, qualifiée d'organisation "terroriste".
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Updated on
20.01.2016