Un journaliste menacé de mort par des dirigeants politiques dans l'Est
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De lourdes menaces de mort pèsent sur Nicaise Kibel'Bel Oka, directeur de publication de l'hebdomadaire Les Coulisses, suite à la parution d'un article dans lequel il accuse des dirigeants du Rassemblement congolais pour la démocratie-Mouvement de libération
(RCD-ML) de créer de l'insécurité dans le nord-est du pays pour asseoir leur pouvoir. Reporters sans frontières exhorte le gouvernement à intervenir auprès des responsables politiques concernés pour protéger le journaliste.
"Nous sommes inquiets pour M. Kibel'Bel Oka, car les menaces de mort qui pèsent sur lui doivent être prises très au sérieux : dans cette région du pays, les forces de l'ordre agissent en toute impunité. Le gouvernement doit intervenir au plus vite dans cette affaire pour calmer les esprits", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. "Plusieurs cadres civils et militaires qui menacent le journaliste font partie du RCD -ML, un des principaux partis des forces gouvernementales, dont le président, Mbusa Nyamwisi, est par ailleurs ministre de la Coopération régionale. Nous lui demandons, ainsi qu'au ministre de l'Intérieur, et au ministre de l'Information, de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour que la vie de M. Kibel'Bel Oka ne soit plus menacée, et qu'il puisse continuer à exercer son métier sereinement. Nous les tiendrions pour responsables si quelques chose lui arrivait", a ajouté Reporters sans frontières.
Dans le numéro 134 de l'hebdomadaire Les Coulisses, Nicaise Kibel'Bel Oka avait publié une enquête au sujet de violents affrontements, en décembre 2003, dans la région de Beni (nord-est du pays). D'après les explications officielles données lors du drame, les troupes des forces gouvernementales avaient été attaquées par des rebelles ougandais, provoquant deux morts et deux blessés graves. Or, l'enquête publiée par Les Coulisses affirme que les rebelles étaient en réalité utilisés par le RCD-ML pour créer un climat de terreur et permettre aux dirigeants locaux de maintenir une présence militaire forte dans la région.
Par ailleurs, Reporters sans frontières rappelle qu'un journaliste est toujours porté disparu en RDC depuis le 26 juin 2003. Acquitté Kisembo, collaborateur de l'Agence France-Presse (AFP) à Bunia (nord-est du pays), a été enlevé par un groupe de miliciens alors qu'il interviewait des populations civiles. Les miliciens auraient proféré des menaces à son encontre, en raison de sa collaboration avec les médias étrangers, l'AFP en particulier. Ce dernier n'a plus donné signe de vie depuis cette date. Certaines sources estiment qu'il aurait été enlevé et assassiné par des hommes de Thomas Lubanga, leader de l'Union des patriotes congolais (UPC).
Publié le
Updated on
20.01.2016