Un journaliste lourdement condamné par la justice iranienne pour ses critiques satiriques du gouvernement à propos des manifestations Mahsa Amini
Le journaliste Iranien Ehsan Pirbornash a été condamné à 18 ans de prison, dont 10 ans ferme. Il s’agit de la plus lourde condamnation prononcée contre un journaliste depuis le début du mouvement de contestation qui a suivi la mort de Mahsa Amini. Reporter sans frontières (RSF) dénonce fermement une sanction démesurée et exige la libération immédiate du journaliste et celle de ses confrères emprisonnés en Iran.
L’ancien rédacteur en chef du magazine sportif Bank Varzesh Ehsan Pirbornash est également un ancien chroniqueur satirique du journal Ghanoon. Il est connu pour ses critiques satiriques fustigeant le gouvernement iranien, et a ouvertement soutenu les manifestations qui ont éclaté après la mort de Mahsa Amini. Le tribunal révolutionnaire de la ville de Sari (nord de l’Iran) l’a condamné ce mardi 10 janvier à 18 ans de prison, dont 10 ans ferme, pour “Insulte à l'islam considérée comme un blasphème”, “incitation à lutter contre le régime de la République islamique” et “propagande contre le système de la République islamique”. Le journaliste avait été arrêté à Sari le 28 octobre 2022 puis conduit à la prison de Qaem Shahr, dans le nord du pays.
“Cette condamnation inique, la plus lourde prononcée contre un journaliste depuis le début des manifestations il y a quatre mois confirme que les autorités iraniennes ont opté pour la pire des répressions, déplore le responsable du Bureau Moyen-Orient à RSF, Jonathan Dagher. Cette fuite en avant doit cesser. Ce n’est pas en enfermant et bâillonnant les journalistes que les autorités iraniennes vont mettre un terme à la grave crise que le pays traverse. Ehsan Pirbornash doit être libéré comme les dizaines d’autres journalistes emprisonnés.“
La lourde peine frappant l’ancien rédacteur en chef de Bank Varzesh a été annoncée par son épouse Behnaz Mirmatoharian, elle-même journaliste. Dans un tweet, elle précise que son mari a reçu un certificat d’intolérance pénal dû à son état de santé et “ne pourra pas endurer la prison”. Les conditions d’incarcération du journaliste sont déplorables, il est interné dans une cellule de 25 mètres carrés où s'entassent parfois plus de 60 détenus.
Depuis le 16 septembre, date de la mort de la jeune kurde iranienne Mahsa Amini qui avait été arrêtée pour “tenue indécente” et le début du mouvement de contestation, au moins 45 journalistes ont été arrêtés. Une grande partie d’entre eux restent dans les limbes des prisons iraniennes sans savoir ce qu’il leur est reproché exactement et quand ils seront jugés.
Selon les informations recueillies par RSF, jusqu’à présent, au moins quatre journalistes arrêtés en marge des manifestations ont été jugés et condamnés. Le photographe Aria Jafari a été condamné à sept ans de prison et 74 coups de fouet. Sa peine a été assortie d’une interdiction de quitter le territoire pendant deux ans. La photojournaliste Yalda Moaiery a pour sa part été condamnée à une peine de six ans de prison, assortie d’une interdiction d'exercer sa profession de photographe et d’une obligation de deux mois de travaux d'intérêt général. Suite à son arrestation pendant les manifestations, le photojournaliste Ahmadreza Halabisaz a également été condamné à cinq ans de prison ferme, une peine doublée d’une interdiction d’exercer sa profession. La journaliste Vida Rabbani a aussi été condamnée à six ans et 15 mois de prison pour “rassemblement et collusion contre la sécurité du pays” et “propagande contre le régime”.