Un journaliste inculpé pour diffamation
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Dans une lettre adressée au ministre de la Justice, Aisea Taumoepeau, Reporters sans frontières (RSF) a protesté contre l'inculpation pour diffamation de Mateni Tapueluelu, rédacteur en chef du quotidien Times of Tonga. "Cette décision s'inscrit dans la lignée des diverses tentatives de muselage du seul quotidien indépendant du royaume", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation. Laucala Pohiva, journaliste pour le même quotidien, a quant à elle été inculpée pour usage de faux. RSF a demandé que cessent les pressions exercées à l'encontre du quotidien.
Selon les informations obtenues par RSF, Mateni Tapueluelu, rédacteur en chef du quotidien Times of Tonga, a été inculpé le 4 mars 2002 pour diffamation à l'encontre du roi.
Dans l'édition de janvier de la lettre d'informations du mouvement pro-démocratique Kele'a, était paru un article révélant que le roi des îles Tonga disposait d'une fortune personnelle de plus de trois cent cinquante millions de dollars. La lettre avait également publié des courriers, faisant état de placements d'argent dans des paradis fiscaux, qui auraient été envoyés par le palais à un homme d'affaires japonais. Si le gouvernement des îles Tonga avait tout d'abord nié ces allégations, le roi avait dû, devant la pression médiatique, admettre qu'il était titulaire d'un compte bancaire à Hawaii. Mateni Tapueluelu aurait déclaré considérer la controverse agitant le royaume comme une affaire d'intérêt public et avoir publié la lettre en question pour cette raison. Il devrait comparaître devant le tribunal de Nuku'alofa (capitale du royaume).
Laucala Pohiva, journaliste pour le quotidien, également inculpée pour "usage de faux", est la fille d'Akilisi Pohiva, militant des droits de l'homme et rédacteur en chef de la lettre d'informations à caractère politique Kele'a. Il avait été arrêté le 25 février dernier à son domicile de Nuku'alofa (capitale des îles Tonga) en compagnie de son fils et d'un autre homme politique. Selon sa famille, son domicile aurait été fouillé et des documents saisis. Il avait été relâché cinq heures plus tard, ses deux compagnons de garde à vue étant quant à eux inculpés pour "usage de faux". Akilisi Pohiva avait déjà été arrêté en 1996 en compagnie de Kalafi Moala, directeur de publication du quotidien Times of Tonga, et du journaliste Filokalafi 'Akau'ola, et condamné à une peine d'un mois de prison pour "outrage au Parlement". La Cour suprême avait toutefois reconnu peu après que cette accusation n'apparaissait pas dans le droit pénal national.
Le Times of Tonga est depuis 1996 dans le collimateur des autorités, qui le considèrent lié au mouvement prodémocratique. Le 22 janvier, on avait appris que des militants royalistes faisaient circuler une pétition demandant l'interdiction du quotidien. Selon Mateni Tapueluelu, les membres du mouvement Kotoa, une organisation de support inconditionnel au roi Taufa' ahau Tupou créée en 2001, seraient cachés derrière cette manœuvre. Selon Kotoa, le journal serait vulgaire, irrespectueux, donnerait une mauvaise image des Tonga et rapporterait une actualité portant préjudice à l'ordre social. Le quotidien est également accusé de "collecter beaucoup d'argent mais de ne pas avoir de rôle constructif dans le soutien au règne de sa Majesté".
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Updated on
20.01.2016