Reporters sans frontières a exprimé sa préoccupation après l'agression dont a été victime Fritson Orius, journaliste de Radio Haïti Inter. RSF a demandé l'ouverture d'une enquête afin d'identifier et de punir les auteurs de cette agression.
Dans une lettre adressée à Eric Dubreuil, secrétaire d'Etat à la sécurité publique, Reporters sans frontières (RSF, oufhjezmsy.tudasnich.de) a exprimé sa préoccupation après l'agression dont a été victime Fritson Orius, journaliste de Radio Haïti Inter. RSF a demandé l'ouverture d'une enquête afin d'identifier et de punir les auteurs de cette agression. "A travers le journaliste, il se pourrait que ce soit la rédaction de la radio qui ait été visée pour son suivi de l'enquête sur l'assassinat de Jean Dominique", s'est inquiété Robert Ménard, secrétaire général de RSF.
Selon les informations recueillies par RSF, Fritson Orius, animateur du journal de 20h sur Radio Haïti Inter, a été menacé et agressé par deux hommes armés le 20 juin 2001, peu après son départ de la station. Les deux inconnus ont d'abord tenté, sans résultat, de bloquer son véhicule sur le parking d'un supermarché de Port-au-Prince. Ils ont ensuite poursuivi Fritson Orius jusque dans une station essence où ils l'ont contraint à descendre de sa voiture puis l'ont tenu en joue pendant un quart d'heure devant plusieurs témoins. Selon le journaliste, les deux hommes, qui ont affirmé être des policiers, ont déclaré identifier son véhicule comme étant celui de Jean Dominique. La police a depuis démenti qu'il s'agisse de policiers.
Le 3 avril 2000, Jean Dominique, le journaliste et analyste politique haïtien le plus connu du pays, était abattu dans la cour de sa station, Radio Haïti Inter. A plusieurs reprises la radio a dénoncé les obstacles rencontrées par l'enquête et les menaces qui pèsent sur la vie du juge d'instruction. Dany Toussaint, un sénateur de Fanmi Lavalas (au pouvoir), s'est récemment vu notifié son inculpation dans cette affaire. Depuis, ses partisans multiplient les manifestations pour dénoncer un "complot" supposé contre lui et demander l'arrestation du juge d'instruction. Le 12 juin 2001, au cours d'une conférence de presse, Dany Toussaint a lui-même présenté le procès-verbal rédigé par un juge de paix suite à l'interrogatoire, illégale, de trois des six prévenus en prison en vue d'obtenir des témoignages discréditant l'instruction. Le ministre de la Justice a annoncé que des sanctions seraient prises contre le juge de paix.
Connu pour son indépendance de ton, Jean Dominique critiquait aussi bien les anciens duvaliéristes et les militaires, que les grandes familles de la bourgeoisie ou, plus récemment, ceux qu'il soupçonnait, au sein de Fanmi Lavalas, le parti du président Jean-Bertrand Aristide, de vouloir "détourner ce mouvement de ses principes". Dans un rapport publié le 2 avril 2001, RSF dénonçait que l'enquête a failli être étouffée à plusieurs reprises. L'assassinat de Jean Dominique, le journaliste le plus célèbre du pays, est vécu comme un avertissement par l'ensemble de la profession.