Un journaliste de Radio Free Asia menacé de mort
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Reporters sans frontières condamne les menaces de mort, non revendiquées, adressées à Lem Piseth, correspondant de Radio Free Asia au Cambodge, le 16 juin 2007. Ces menaces surviennent après que le journaliste a enquêté sur la déforestation de la province de Kompong Thom (Centre). Les autorités avaient interdit à tous les médias nationaux de reproduire des passages du rapport sur la déforestation de l'ONG environnementaliste Global Witness. Le journaliste a pris la fuite en Thaïlande.
"Il est évident que le rapport de Global Witness sur la surexploitation de la forêt cambodgienne dérange. Depuis la publication de ce document, tous les médias sont victimes d'une censure étatique injustifiée. Nous demandons aux autorités d'identifier les auteurs de ces menaces afin que Lem Piseth puisse reprendre le cours de son travail en toute sécurité", a affirmé l'organisation.
Le 16 juin 2007, Lem Piseth, âgé de 38 ans, se rendait à Kompong Speu (Sud). Il a reçu un appel sur son téléphone portable d'un numéro qu'il ne connaissait pas. Lorsqu'il a répondu, une voix d'homme lui a parlé :
-"C'est toi Lem Piseth?
-Oui. Qui êtes-vous?
-Tu es insolent, tu veux mourir?
-Pourquoi m'insultez-vous de cette manière?
-Pour l'histoire de la forêt et sache qu'il n'y aura pas assez de terre pour t'enterrer."
L'inconnu a alors raccroché et lorsque le reporter a rappelé le numéro qui s'était affiché, il a joint un centre d'appel.
Suite au rapport de Global Witness, Lem Piseth a rédigé quatre articles sur les dégâts de la déforestation dans la province de Kompong Thom en se concentrant plus particulièrement sur la région de Tumring où la déforestation s'avère particulièrement désastreuse. Pendant son enquête à Kompong Thom, le reporter affirme avoir été suivi par des militaires et des policiers. Il a dû quitter la chambre d'hôtel qu'il avait réservée pour plusieurs nuits, à la demande des propriétaires, sans explications.
Le 8 juin, le ministre de l'Information, Khieu Kanharith, avait déclaré, à propos du rapport de Global Witness, que " les médias avaient eu une semaine afin de diffuser leurs informations, c'est amplement suffisant. Les journaux peuvent y faire référence mais pas le reproduire. Dans le cas où cette interdiction ne serait pas respectée, nous prendrons les mesures judiciaires adéquates."
Radio Free Asia compte parmi les quelques médias qui ont continué de parler du rapport. Un homme s'est rendu au siège de la radio à Phnom Penh, pour sommer les journalistes de cesser de le faire.
Soren Seelow, journaliste au Cambodge Soir a été licencié sans préavis, le 10 juin, après avoir mentionné le rapport de Global Witness. Une grève des employés du journal pourrait permettre un réglement rapide de cette situation.
Publié le
Updated on
20.01.2016