Un journaliste de la Grande Comore détenu à Anjouan pendant trois jours et soumis à des traitements violents
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Reporters sans frontières proteste énergiquement contre les conditions de détention dans lesquelles a été maintenu Elarifou Minihadji, journaliste de la radio publique de Grande Comore Radio Ngazidja, arrêté le 24 juin 2007 alors qu'il couvrait une manifestation à l'aéroport de l'île séparatiste d'Anjouan.
"Nous sommes scandalisés par le traitement extrêmement brutal réservé à Elarifou Minihadji, journaliste de l'île de la Grande Comore, qui est aussi militant de l'Association comorienne des droits de l'homme (ACDH). Son double statut est sans doute à l'origine de son arrestation, les autorités d'Anjouan refusant toute intrusion de Moroni dans les affaires de l'île. Les remous politiques qui agitent en permanence les Comores ne sauraient à eux seuls justifier la violation de droits fondamentaux. Circonstance aggravante, l'arrestation d'Elarifou Minihadji est purement arbitraire, puisque aucun motif n'a été invoqué par la gendarmerie", a déclaré Reporters sans frontières.
Le 24 juin, de nombreuses personnes ont profité de la visite d'une mission ministérielle de l'Union africaine (UA) sur l'île d'Anjouan pour protester contre l'élection du colonel Mohamed Bacar, le 10 juin, à la présidence de l'île, suite à un scrutin organisé malgré l'opposition de l'Etat fédéral. Les manifestants s'étaient réunis aux alentours de l'aéroport d'Anjouan afin d'appuyer la mission de l'UA, dont l'objectif était de parvenir à une médiation avec le colonel.
Elarifou Minihadji se trouvait sur les lieux de la manifestation lorsqu'il a été arrêté par la gendarmerie. Il a été remis en liberté le 27 juin, et renvoyé à Moroni, capitale de l'île de Grande Comore. Dans un entretien téléphonique avec Reporters sans frontières, il raconte avoir subi des sévices corporels et moraux au cours de ses trois jours de détention à la gendarmerie d'Anjouan. Battu à coups de ceinture et fouetté pendant plusieurs heures, son dos le fait toujours souffrir, mais il témoigne que sa douleur est "avant tout morale", pour avoir notamment été forcé de frapper d'autres détenus.
Il a également rapporté qu'il lui était reproché d'avoir voulu expliquer les principes fondamentaux régissant les lois électorales aux Anjouanais. Au cours des violences infligées, les gendarmes lui répétaient d'aller "défendre la démocratie ailleurs", et de "laisser Anjouan aux Anjouanais".
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Updated on
20.01.2016