Un journaliste de Canal Capital enquêtant sur les paramilitaires reçoit un “avertissement”
Organisation :
C’est avec inquiétude que Reporters sans frontières a reçu copie de l’enregistrement des menaces adressées par téléphone, dans la nuit du 13 juillet 2012, au journaliste Paul Bacares, de la chaîne publique de Bogotá Canal Capital. Les trois minutes de bande-son reproduisent des bruits de mitraillettes sur fond musical. Un “avertissement” qui survient alors que le journaliste s’apprête à boucler un reportage sur les paramilitaires.
“Auteurs très probables de cette menace, les paramilitaires colombiens constituent toujours la principale source de danger pour les journalistes du pays, parfois considérés comme des ‘objectifs militaires’. Paul Bacares doit bénéficier au plus vite d’une protection à la mesure de la menace. Nous souhaitons également qu’une étude de sécurité soit effectuée au bénéfice de ses collègues de Canal Capital susceptibles de courir le même danger”, a déclaré Reporters sans frontières.
Le reportage que prépare actuellement Paul Bacares porte sur la présence paramilitaire dans le département central de Boyacá. Le travail mené par le journaliste met également en évidence la capacité d’infiltration de ces groupes armés au sein de l’économie légale et leurs liens avec les milieux politiques locaux et d’autres personnages publics. Cet aspect du reportage constitue sans doute le plus sérieux motif de menace à l’encontre du journaliste.
“Reporters sans frontières se déclare prête à héberger le contenu de ce reportage, en cas d’entrave à sa diffusion, sur le futur site de contournement de la censure que l’organisation inaugurera dans les prochains mois. Cette proposition s’adresse également à d’autres confrères empêchés d’exercer normalement leur activité. Nous la réitérons notamment auprès des radios communautaires indigènes du Cauca, dont les populations subissent en ce moment le feu croisé de l’armée et de la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC)”, a ajouté l’organisation.
Plusieurs journalistes figurent parmi les “objectifs” des groupes paramilitaires, dont la terreur continue de s’abattre sur les militants des droits de l’homme, syndicalistes, représentants des communautés et de la société civile, ou encore défenseurs de l’environnement.
Publié le
Updated on
20.01.2016