Eduard Abrosimov a été condamné le 23 juin 2005, à Saratov (sud-ouest de la Russie), à sept mois de travaux forcés pour deux articles jugés diffamatoires à l'encontre d'un député de la Douma et d'un enquêteur du bureau du procureur régional. Reporters sans frontières rappelle que rien ne saurait justifier dans une démocratie qu'un journaliste soit incarcéré pour un délit de presse.
Le journaliste indépendant Eduard Abrosimov a été condamné à sept mois de travaux forcés pour diffamation, le 23 juin 2005, par la cour régionale de Saratov (sud de la Russie). Cette sentence fait suite à la publication d'un article dans l'hebdomadaire moscovite Sobesednik et à la découverte par les enquêteurs d'un brouillon d'article destiné au quotidien régional Saratov-Stolitsa Povolzhya.
« Il s'agit de la deuxième condamnation à une lourde peine pour diffamation en l'espace d'un mois. Reporters sans frontières rappelle que cette nouvelle sentence est contraire aux recommandations des Nations unies et de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), selon lesquelles les délits de presse ne doivent pas être sanctionnés par des peines de prison. De plus, condamner un journaliste aux travaux forcés pour avoir écrit un brouillon d'article non publié nous paraît particulièrement choquant », a déclaré l'organisation.
A l'issue d'un procès qui a duré un mois, Eduard Abrosimov a été condamné par la cour régionale de Saratov à sept mois de travaux forcés pour diffusion de fausses informations, en vertu de l'article 129 du code pénal. A l'annonce du verdict, le journaliste a été immédiatement incarcéré à la prison de Saratov. Il a annoncé qu'il ferait appel de cette condamnation auprès de la Cour suprême de la Fédération de Russie.
L'affaire a débuté avec la publication d'un article intitulé « Ne regardez pas par le trou de la serrure », publié le 2 novembre 2004 dans l'hebdomadaire Sobesednik, sous le pseudonyme de Andrei Zabelin. Cet article faisait allusion aux préférences sexuelles du député de la Douma Viatcheslav Volodine.
Eduard Abrosimov a été arrêté le 21 janvier 2005, sur ordre du procureur de Saratov, qui a ouvert une enquête pour diffamation. Le journaliste, alors conseiller du gouverneur de Saratov, Dmitri Ayatskov, a passé quatre mois en détention préventive. Les enquêteurs ont retrouvé sur le disque dur de son ordinateur un brouillon d'article non publié, envoyé par e-mail à un journaliste du quotidien Saratov-Stolitsa Povolzhya. Eduard Abrosimov y expliquait qu'un des enquêteurs du bureau du procureur régional, Dmitri Pétriaikine, exigeait des pots-de-vin de certains criminels pour les relâcher. L'article définitif, intitulé « Réfléchissons à un portrait » et publié le 11 novembre 2004 dans le quotidien régional Saratov-Stolitsa Povolzhya, évoquait la corruption des autorités locales, sans citer Dmitri Pétriaikine.
Le procureur de Saratov a toutefois jugé que le brouillon de l'article était diffamatoire, dès lors qu'il avait été diffusé par mail et qu'au moins une personne en avait pris connaissance.