Un journaliste baloutche abattu par un groupe armé
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Le 14 août 2011, Munir Ahmed Shakir, reporter de l'agence de presse Online, a été tué par balles par plusieurs hommes non identifiés, peu après qu'il a couvert une manifestation organisée par des nationalistes baloutches dans le district de Khuzdar (sud-est de Quetta) au Baloutchistan.
D'après les informations recueillies par Reporters sans frontières, le meurtre de Munir Ahmed Shakir serait fort probablement lié à ses activités journalistiques. Selon Irshad Mastoi, chef du bureau à Quetta de l'agence Online, le crime était "lié à sa profession", ajoutant qu'il avait "vérifié (que Munir Ahmed Shakir) n'avait aucun conflit personnel ou familial" pouvant expliquer de telles représailles.
Aucun groupe n'a revendiqué le meurtre. Cependant, l'organisation Baloch Armed Defence Army a publiquement menacé les journalistes qui couvraient les activités politiques et les rassemblements des groupes nationalistes baloutches.
Irshad Mastoi a souligné que le journalisme dans la province du Baloutchistan était une "profession en voie d’extinction" car "si un journaliste couvre les activités du gouvernement, il reçoit les menaces des forces nationalistes et s’il couvre les activités des nationalistes, il est visé par des organisations telles que la Baloch Armed Defence Army".
Reporters sans frontières demande aux autorités pakistanaises de mener une enquête approfondie sur le meurtre de Munir Ahmed Shakir et de traduire les auteurs du crime et ses commanditaires en justice, afin de briser le cycle d’impunité qui s’abat sur les professionnels des médias au Baloutchistan, non sans conséquences sur le niveau d’autocensure des journalistes dans la région (voir l’interview d’un journaliste baloutche anonyme).
Vers 12h20, alors que Munir Ahmed Shakir rentrait chez lui après avoir couvert des manifestations organisées par des nationalistes baloutches à l’occasion du jour de l’indépendance du Pakistan, des inconnus ont ouvert le feu sur le journaliste avant de prendre la fuite. Le reporter a été immédiatement transféré à l’hôpital de Khuzdar, où il est décédé peu après.
Munir Ahmed Shakir, âgé de 43 ans, travaillait comme journaliste depuis dix ans. Il est le septième journaliste tué au Baloutchistan depuis le début de l'année 2010, présumément en raison de son travail. Avant lui, Faiz Muhammad Sasoli, Muhammad Khan Sasoli et Abdul Hameed Hayatan ont été victimes d’attaques mortelles respectivement le 27 juin 2010, le 14 décembre 2010 et le 18 novembre 2010. Dans toutes ces affaires, les enquêtes n’ont mené à aucune comparution en justice ni aucune arrestation de suspects.
Par ailleurs, Reporters sans frontières s’inquiète du sort du journaliste Rehmatullah Darpakhel, enlevé le 11 août 2011 dans la région du Waziristan du Nord.
“La région du Waziristan du Nord est connue pour être sous l’influence de plusieurs groupes de militants armés. Il est difficile de savoir qui est derrière cet enlèvement. Les autorités fédérales doivent agir et tout mettre en œuvre pour retrouver Rehmatullah Darpakhel dans les plus brefs délais. Il est inacceptable de voir que des journalistes locaux doivent suppléer à la police et mener l'enquête eux-mêmes en utilisant leurs propres contacts”, a déclaré Reporters sans frontières.
Rehmatullah Darpakhel, journaliste âgé de 45 ans travaillant pour le quotidien Ausaf en langue Urdu et Aaj TV à Miranshah (district de Khuzdar), a été enlevé par inconnus armés alors qu’il quittait le Miranshah Press Club. Selon Nor Behram, un résident accompagnant Rehmatullah Darpakhel au moment des faits, le journaliste traversait le marché de la ville quand des individus sont arrivés dans deux voitures aux vitres teintées et ont tiré en l’air pour empêcher toute forme de résistance.
Syed Haleem, président de la Tribal Union of Journalists au Waziristan du Nord, a fait part à Reporters sans frontières de son inquiétude sur le sort de Rehmatullah Darpakhel et des actions entreprises par les journalistes locaux pour retrouver leur confrère.
L’un d’eux a notamment déclaré que “l’enlèvement de Rehmatullah Darpakhel rappelle toutes les menaces subies par les journalistes dans cette région sensible. Nous avons déjà perdu un de nos collègues, Hayatullah Khan, en 2006, qui a été enlevé dans des circonstances semblables”.
Le Pakistan est le pays le plus meurtrier pour les professionnels des médias en 2011 et affiche désormais le nombre tragique de huit journalistes tués depuis le début de l’année.
Publié le
Updated on
20.01.2016