Un hebdomadaire interdit de diffusion
Organisation :
Reporters sans frontières s'inquiète du blocage de la distribution de l'hebdomadaire Svedok, suite à la publication d'une interview d'un des principaux suspects dans l'assassinat du Premier ministre Zoran Djindjic. L'organisation considère abusif l'usage qui est fait par les autorités de la nouvelle loi sur l'information.
"Cette suspension, qui rappelle les sanctions arbitraires appliquées contre plusieurs médias au moment de l'état d'urgence, est disproportionnée. Elle est d'autant plus grave qu'il s'agit d'une décision de justice, basée sur la nouvelle loi sur l'information. Nous considérons qu'une interview de ce type est une information en soi et que le journal ne mérite pas d'être suspendu pour l'avoir rendue publique", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation.
Le 3 juin 2003, un tribunal de Belgrade a ordonné, à la demande du parquet de la capitale, le blocage de la distribution de l'hebdomadaire Svedok ainsi que la saisie de tous les exemplaires du dernier numéro. Ce dernier contenait une interview de Milorad Lukovic Legija, ancien commandant des forces spéciales de la police serbe en fuite suspecté d'avoir participé à l'assassinat de Zoran Djindjic, le 12 mars 2003. L'entreprise Borba a interrompu la distribution dans la nuit du 3 au
4 juin, sans que le rédacteur en chef, Vlanad Dinic, en ait été informé.
Dans un communiqué de presse, le ministère de la Culture et de l'Information a jugé que le journal avait cherché à semer le trouble dans l'ordre public, à amoindrir les effets de l'enquête de police et qu'il avait manqué d'éthique. Cette décision s'appuie sur les articles 17 et 18 de la nouvelle loi sur l'information, adoptée le 22 avril 2003, alors que le pays était en état d'urgence. Les deux articles définissent les situations dans lesquelles un média peut être suspendu et confisqué, ainsi que la procédure à suivre. L'article 17 stipule notamment qu'une cour peut suspendre la diffusion d'une information qui risque d'avoir des conséquences graves et irrémédiables ne pouvant être empêchées autrement. La formule, particulièrement floue, autorise une très large interprétation du type d'informations qui tombent sous le coup de cet article et susceptibles d'entraîner une interdiction de distribution.
Publié le
Updated on
20.01.2016