Un directeur de publication menacé et kidnappé par les services secrets à Karachi
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Muzaffar Ejaz, directeur du quotidien Jasarat de Karachi, est victime d'un véritable harcèlement de la part de membres des services secrets pakistanais (Inter-Service Intelligence, ISI) depuis le 16 juillet 2002. Il a notamment été kidnappé pendant quelques heures et menacé de représailles s'il continuait à critiquer le gouvernement Musharraf. "Depuis quelques mois, on assiste à une recrudescence des actions d'intimidation contre la presse privée de la part des services secrets. En aucun cas, les agences de sécurité ne devraient être impliquées dans les relations entre l'Etat et la presse", a affirmé Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières, dans une lettre adressée au ministre de l'Information, Nisar Memon. L'organisation a demandé au ministre d'intervenir auprès de ses collègues du gouvernement pour que cessent les actions des services secrets à l'encontre des journalistes. "Les expériences du passé ont montré que la presse pakistanaise savait résister aux pressions des autorités. Il serait grand temps que le gouvernement du général Musharraf comprenne que cette politique d'intimidation est vouée à l'échec", a conclu Robert Ménard.
Selon les informations recueillies par Reporters sans frontières, des officiers militaires et des agents des services secrets harcèlent Muzaffar Ejaz, directeur de publication du quotidien en ourdou Jasarat, depuis la publication, le 16 juillet 2002, d'un article détaillé sur les stratégies du gouvernement militaire pour unifier les différentes factions de la Ligue musulmane en vue des prochaines élections générales. Le jour même de la publication de ce scoop, un officier de l'ISI a appelé Muzaffar Ejaz pour solliciter un entretien. Lors de leur rencontre, le militaire lui a demandé de révéler les sources du journaliste qui avait écrit l'article. Le directeur du Jasarat a refusé mais a proposé de publier la version des militaires. L'officier a à son tour refusé mais menacé de pouvoir "utiliser beaucoup d'autres moyens pour obtenir ces informations." Depuis, Muzaffar Ejaz a reçu des menaces téléphoniques et a été suivi par des individus identifiés comme des agents de l'ISI. Deux autres journalistes, notamment Zarrar Khan, correspondant de l'Associated Press à Karachi, ont reçu des menaces pour avoir soutenu le directeur de Jasarat. Enfin, dans la soirée du 24 juillet, Muzaffar Ejaz a été kidnappé pendant quelques heures par des agents de l'ISI qui ont renouvelé leurs menaces.
Déjà, en mai 2002, des journalistes du quotidien The News, notamment Rauf Klasra, avaient fait l'objet d'une surveillance et de menaces de la part d'agents des services secrets pakistanais.
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20.01.2016