Reporters sans frontières proteste contre la condamnation, le 1er mars 2005, de Lola Rasoamaharo, directeur de publication du quotidien indépendant La Gazette de la Grande Ile, à plusieurs peines de prison ferme dans trois différentes affaires de diffamation. « Nous sommes très préoccupés par les récentes décisions de la justice malgache qui ouvrent la voie à des pressions accrues contre la presse indépendante", a déclaré l'organisation.
Reporters sans frontières proteste contre la condamnation, le 1er mars 2005, de Lola Rasoamaharo, directeur de publication du quotidien indépendant La Gazette de la Grande Ile, à plusieurs peines de prison ferme dans trois différentes affaires de diffamation.
« Nous sommes très préoccupés par les récentes décisions de la justice malgache qui ouvrent la voie à des pressions accrues contre la presse indépendante, a déclaré l'organisation. Si la République de Madagascar commence à jeter ses journalistes en prison, elle choisit clairement d'aller à l'encontre du droit à la liberté d'opinion et d'expression défendue par les Nations unies, qui demandent la suppression des peines de prison pour les délits de presse. »
« Ce verdict intervient un an après l'ouverture d'un atelier sur le rôle des médias dans le renforcement du processus démocratique et en pleine révision du code de la Communication. Ce dernier, qui date de 1990, prévoit des peines allant jusqu'à six mois de prison ferme dans les cas d'injures et de diffamation. »
Lola Rasoamaharo a été reconnu coupable dans trois affaires de diffamation, mais ne devrait pas être arrêté, dans l'attente du verdict en appel. Le journaliste a été condamné à deux mois de prison ferme et à une amende de 3 millions d'ariary (plus de 1 200 euros) pour « diffamation et injures par voie de presse » à l'encontre du vice-président de l'Assemblée nationale, Mamy Rakotoarivelo, également propriétaire de deux journaux et d'une télévision privés. La demande d'interdiction de séjour à Madagascar réclamé par ce dernier a été rejetée. Dans l'édition du 19 janvier dernier, un éditorial intitulé « Un véritable crétin », accompagné de sa photo, faisait référence à un incident intervenu lors d'un événement public au cours duquel M. Rakotoarivelo avait insulté le directeur de la rédaction de La Gazette de la Grande Ile, James Ramarosaona, le traitant notamment de « crétin ».
Dans une deuxième affaire, Lola Rasoamaharo a été condamné à deux mois de prison ferme et son rédacteur en chef, Rolly Mercia, à un mois avec sursis, et au paiement d'un ariary symbolique. Un article paru en mai 2004 rappelait une affaire criminelle dans laquelle l'homme d'affaires pakistanais Mamod Taky Mamode Abasseky avait bénéficié d'un non-lieu. Cependant, il s'agissait, pour ce dernier, d' « allégations, par voie de presse, (portant) gravement atteinte à son honneur, à sa considération et à sa crédibilité ».
La troisième affaire fait suite à une plainte d'un dénommé Gaby Ramaherijaona, qui a obtenu la condamnation de Lola Rasoamaharo à un mois de prison ferme et à un million d'ariary (plus de 400 euros) de dommages et intérêts pour « diffamation publique ».
Frank Raharison, directeur général chargé de la rédaction de La Gazette de la Grande Ile, a déclaré à Reporters sans frontières : « C'est la première fois qu'un directeur de publication est condamné à une peine de prison depuis l'indépendance de Madagascar. Nous sommes très surpris et l'interprétons comme un message d'intimidation à la presse malgache qui voudrait être trop critique. C'est une manière de tenter de mettre au pas les journalistes. »
Les peines de prison ne sont pas cumulables à Madagascar. L'avocat du journal, Me Randranto, a fait appel de ces trois jugements. D'autres publications comme Le Quotidien, Ngah, et Madagascar-Tribune attendent de comparaître devant les tribunaux. Face à cette série de procès et de condamnations, les journalistes malgaches envisagent de mettre en place une journée d'action et de solidarité à laquelle Reporters sans frontières apporte d'ores et déjà son soutien.