Un correspondant australien interdit de travailler en raison de ses articles sur des atteintes aux droits de l'homme
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Dans une lettre adressée au ministre indonésien des Affaires étrangères, Nur Hassan Wirajuda, Reporters sans frontières (RSF) a protesté contre le refus du gouvernement d'accorder un visa de presse à Lindsay Murdoch, correspondant des quotidiens australiens The Age et Sydney Morning Herald à Jakarta. "Cette décision est une violation flagrante de la loi indonésienne sur la presse de 1999 qui protège la presse nationale et internationale de la censure et des bannissements", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation. RSF a demandé au ministre de revenir sur cette décision et d'accorder un nouveau visa à Lindsay Murdoch. "Cette décision autoritaire est d'autant plus choquante qu'elle sanctionne, selon toute vraisemblance, des articles de Lindsay Murdoch sur la situation des droits de l'homme en Indonésie", a ajouté M. Ménard.
Selon les informations obtenues par RSF, les quotidiens australiens The Age et Sydney Morning Herald ont annoncé, le 17 mars 2002, que le visa de leur correspondant à Jakarta, Lindsay Murdoch, ne serait pas renouvelé par les autorités indonésiennes. En conséquence, le journaliste ne peut plus exercer son métier de fait depuis le 10 mars dernier, date de fin de validité de son visa. Selon un officiel du ministère indonésien des Affaires étrangères cité par l'AFP, les deux journaux ont été informés, voici trois mois, qu'ils devaient nommer un nouveau correspondant car Lindsay Murdoch n'obtiendrait plus de visa de presse. "Nous lui avons accordé un visa business avec lequel il peut entrer dans le pays mais ne peut pas pratiquer le journalisme", a expliqué le porte-parole indonésien qui a ensuite refusé de commenter les raisons de cette décision. Selon Lindsay Murdoch, le refus de visa est lié à deux articles dénonçant des atteintes aux droits de l'homme qui auraient irrité des hauts responsables de l'armée indonésienne. Le premier article concernait le refus des autorités indonésiennes de permettre à des parents timorais de retrouver leurs enfants placés dans des orphelinats de l'île de Java. Le second article était une enquête sur la mort d'un bébé de quatre mois originaire d'Aceh, après que des soldats l'avaient aspergé d'eau bouillante.
Lindsay Murdoch, âgé de 48 ans, est correspondant à Jakarta depuis trois ans. Il est connu pour ses reportages sur le Timor oriental et a obtenu plusieurs récompenses pour la qualité de son travail. Le Club des correspondants de la presse étrangère de Jakarta a dénoncé cette mesure en "contradiction avec les engagements du gouvernement de ne pas restreindre la liberté d'expression". Le Sydney Morning Herald couvre largement la situation en Indonésie, un pays très proche géographiquement. En 1986, une enquête du quotidien sur la corruption du président Suharto avait conduit à l'interdiction de tous les journalistes australiens.
C'est la première fois depuis la chute du régime Suharto qu'un correspondant permanent de la presse étrangère se voit interdire de travailler en Indonésie. Des centaines de journalistes étrangers couvrent l'Asie du Sud-Est depuis Jakarta. En revanche, plusieurs reporters avaient été arrêtés ou expulsés au cours des dernières années alors qu'ils enquêtaient en Indonésie, notamment en Papouasie occidentale. Ainsi, en décembre 2000, Oswald Iten, journaliste suisse du quotidien germanophone Neue Zürcher Zeitung, avait arrêté à Jayapura (province de Papouasie occidentale) par des policiers. Il avait été libéré onze jours plus tard puis expulsé.
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20.01.2016