Un célèbre journaliste poignardé au Kazakhstan : RSF réclame une enquête complète et impartiale
Reporters sans frontières (RSF) condamne fermement la violente agression dont a été victime le célèbre journaliste et défenseur des droits de l’Homme Ramazan Eserguepov, le 14 mai 2017, au Kazakhstan. L’organisation demande une enquête complète et impartiale prenant en compte l’hypothèse de représailles liées à ses activités professionnelles.
Le 14 mai, aux alentours de 4h30 du matin, Ramazan Eserguepov a été poignardé à plusieurs reprises à l’abdomen par deux individus, à bord d’un train reliant Almaty à la capitale Astana. Le célèbre journaliste et défenseur des droits de l’Homme devait y rencontrer des diplomates européens, le 15 mai, pour évoquer la situation de la liberté des médias et la détention prolongée du journaliste Janbolat Mamaï, arrêté le 10 février dernier et dont RSF demande la libération immédiate.
Ramazan Eserguepov, libéré en 2012 après trois ans de prison pour ses révélations sur des agissements illégaux du Comité national de sécurité (KNB), est devenu un acteur incontournable de la défense des journalistes dans son pays. Il est également engagé dans un bras de fer avec les autorités kazakhes pour que lui soient reversés des dédommagements financiers après que le Comité des droits de l’homme de l’ONU a reconnu en 2016 des violations de ses droits durant la tenue de son procès. Président de l’ONG « Journalistes en danger », il est membre du comité de soutien à Janbolat Mamaï.
« Nous condamnons cette agression d’une extrême violence qui illustre la gravité de la situation à laquelle les journalistes et défenseurs des droits kazakhs font face aujourd’hui, dénonce Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF. L’enquête ouverte par les autorités locales doit être menée de façon complète et impartiale, en accordant toute sa place à la piste de représailles liées aux activités professionnelles de Ramazan Eserguepov. »
Malgré les dénégations de l’intéressé, les enquêteurs semblent pour l’heure privilégier l’hypothèse d’une dispute avec d’autres passagers qui aurait mal tourné. L’agression de Ramazan Eserguepov est la huitième en un an à viser des activistes de la société civile au Kazakhstan. Toutes ces agressions restent pour l’heure non élucidées.
Le pays occupe la 157e place sur 180 au Classement mondial 2017 de la liberté de la presse. Les principaux médias d’opposition nationaux ont tous été interdits en 2013, les derniers croulent sous les amendes, et chaque nouveau titre indépendant est immanquablement fermé au bout de quelques mois. Internet est étroitement contrôlé, et l’arrestation de journalistes est désormais chose commune.