Un magazine d'informations et de débats a été fermé par le Bureau de la censure pour sa ligne éditoriale jugée trop "pro-américaine". Reporters sans frontières et la Burma Media Association dénoncent cette nouvelle sanction contre la presse non officielle.
Le bimensuel Khit-Sann a été interdit par le Bureau de la censure. La rédaction avait été avertie que sa ligne éditoriale était jugée trop "pro-américaine" par la junte militaire.
Reporters sans frontières et la Burma Media Association dénoncent ce nouvel acte de censure contre un titre de la presse privée. Les deux organisations demandent au Bureau de la censure de revenir sur cette décision qui fait disparaître un bimensuel soucieux de s'exprimer sur des sujets d'actualité. "Au rythme des fermetures et des pressions sur les journalistes, la presse birmane va se limiter aux médias de la propagande officielle et à quelques revues privées de divertissement", ont déclaré les deux organisations.
Le 1er septembre 2004, le Bureau de la censure, qui dépend des services secrets militaires (MIS), a interdit jusqu'à nouvel ordre la publication du bimensuel privé Khit-Sann, édité depuis août 2003 à Rangoon. Le major Aye Htun, directeur du Bureau, n'a donné aucune explication. En août, le directeur de publication, Kyaw Win, avait été averti par la censure militaire que sa ligne éditoriale était jugée trop "proaméricaine". En juin, Kyaw Win s'était plaint auprès des autorités qu'un journal officiel avait publié des articles de propagande en utilisant sa signature. Face au mutisme du gouvernement, il avait tenté de publier un article sur cette affaire dans Khit-Sann. Mais le Bureau de la censure l'avait interdit.
Khit-Sann était l'une des rares publications privées à traiter de sujets d'actualité, de problèmes socio-économiques et de philosophie. Imprimé à plus de 3 000 exemplaires, il était populaire auprès des jeunes et des milieux intellectuels.
Récemment, une autre publication privée, Khit-Thit, a reçu des avertissements du Bureau de la censure. La couverture de l'édition traitant des célébrations du 60e anniversaire du débarquement allié en Normandie a été interdite car la photographie de troupes américaines au combat a été jugée "trop agressive".
Par ailleurs, la junte militaire harcèle deux célèbres écrivains proches de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), Ludu Sein Win et Dagon Tayar, depuis qu'ils ont donné des interviews aux services birmans des radios internationales Radio Free Asia et Voice of America. La presse gouvernementale les a ouvertement pris à partie et la ligne téléphonique de Ludu Sein Win a été coupée pendant deux semaines.