Ukraine : RSF dénonce l’arrestation par les forces d’occupation russes de six journalistes et administrateurs de chaînes d’information Telegram à Melitopol
Six journalistes et administrateurs de deux chaînes Telegram ukrainiennes sont accusés de terrorisme et détenus par les forces russes dans la partie occupée de la région de Zaporijjia, au sud-est de l’Ukraine. Une vidéo de propagande russe a finalement permis de retrouver leur trace, alors que leurs proches étaient sans nouvelles depuis fin août. Reporters sans frontières (RSF) exige leur libération immédiate.
Pendant près de deux mois, le sort réservé à six journalistes et administrateurs de la chaîne Telegram du média en ligne Ria-Melitopol et de la chaîne d’information Melitopol Tse Ukraina (“Melitopol c’est l’Ukraine”), restait inconnu. C’est une vidéo diffusée le 29 octobre par les médias russes de propagande Rossiya 1 et Vesti.ru, qui permet de localiser pour la première fois depuis leur arrestation le 20 août dernier dans la région de Zaporijjia, dans le sud-est de l’Ukraine, Heorhiy Levtchenko, Oleksandr Malychev, Maksym Rouptchov, Yana Souvorova, Mark Kaliush. Kostiantyn Zynovkin, également présent dans la vidéo, a été arrêté au mois de mai. En amont de sa diffusion, un communiqué des forces de sécurité russes (FSB) datant du 27 octobre se félicitait d’avoir “neutralisé les activités de trois grands groupes de renseignement coordonnées par le ministère de la Défense d’Ukraine” en nommant explicitement les deux chaînes Telegram concernées.
“Les forces russes assimilent une fois de plus les journalistes à des ‘espions’, pour intimider ceux qui refusent de coopérer avec elles dans les territoires occupés. RSF est scandalisée par ces nouvelles arrestations et par la pratique humiliante des aveux publics forcés, qui viole l’article 14 sur les procès équitables du pacte international des droits civils et politiques dont la Russie est signataire. Nous appelons à la libération immédiate des six journalistes.
Les six prévenus sont accusés d’avoir “incité la population locale à espionner la Russie”. Ils sont contraints d’avouer en vidéo leur culpabilité, une méthode soviétique remise au goût du jour par les autorités russes contre des journalistes. Une procédure pénale est ouverte contre eux pour “incitation publique à mener des activités terroristes, justification publique du terrorisme ou propagande du terrorisme”. Selon les informations du FSB, ils pourraient également être accusés prochainement de “haute trahison” et “d'espionnage”. Avec les charges actuelles, ils risquent entre 12 et 20 ans de prison. Parallèlement à ces arrestations, les forces d’occupation russes ont repris le contrôle de la chaîne Telegram de RIA-Melitopol, obligeant alors le média ukrainien à en ouvrir une autre.
Dans les territoires occupés, les journalistes ukrainiens refusant de coopérer avec les forces russes sont systématiquement traqués. La machine de propagande russe continue de se renforcer avec le recrutement et la formation de “journalistes” et l’instauration de ses propres médias.
L’Ukraine et la Russie occupent respectivement la 79e place et la 164e place sur 180 dans le Classement mondial sur la liberté de la presse de RSF.