Ukraine : Diana Panchenko, la propagandiste ukrainienne au service du Kremlin
Formée au journalisme en Ukraine avant de rejoindre les rangs des propagandistes du narratif pro-russe, Diana Panchenko, publie, depuis Dubaï où elle dit vivre, des vidéos de propagande sur l’actualité de la guerre menée par la Russie. Reporters sans frontières (RSF) dénonce cette manipulation des formats journalistiques au profit de la désinformation, qui compromet le droit à une information fiable.
Sur YouTube, les vidéos en russe de Diana Panchenko, propagandiste pro-Kremlin née en Ukraine, affichent des millions de vues. Pour stopper la désinformation qu'elle diffuse sur l'invasion de l’Ukraine par la Russie, les autorités ukrainiennes ont réclamé la suspension de sa chaîne. Le 3 avril, elle a été bloquée sur le territoire ukrainien.
C’est depuis Dubaï, où elle déclare vivre, que cette diplômée en journalisme de 36 ans originaire de Mykolaïv, ville du sud de l’Ukraine, dit parler “au nom des Ukrainiens” et promet de “révéler ce qui n’est pas montré”. Quelques mois après l’invasion russe du 24 février 2022, elle avait quitté l’Ukraine, s’installant un temps en Russie, puis dans cette ville des Émirats arabe unis.
“L’OTAN est déjà en Ukraine”, “À qui appartient la Crimée ?”, “Alexandre Loukachenko : comment la guerre en Ukraine va-t-elle se terminer ?”... Ses vidéos en moyenne d’une quinzaine de minutes aux titres accrocheurs, tournées avec plusieurs caméras sur un fond noir, détournent en réalité les formats journalistiques pour relayer le narratif du Kremlin, affirmer des opinions et non des faits, sans contradictoire aucun. Elle accuse les autorités ukrainiennes de “nazisme”, d’être à l’origine d’une “guerre qui dure” et annonce un “effondrement” imminent du pays.
Sa chaîne YouTube, qui porte son nom, rassemble, en ce mois de septembre 2024, plus de 1,8 million d’abonnés. Localisée “en Ukraine”, celle-ci lui rapporterait entre 8 000 et 130 000 dollars chaque mois selon Social Blade, un site d’analyse du trafic sur les réseaux sociaux. Ses vidéos atteignent voire dépassent régulièrement le million de vues. Son entretien publié en août 2023 avec Alexandre Loukachenko, à la tête du Bélarus après une réélection truquée en 2020, a par exemple franchi la barre des neuf millions.
“Diana Panchenko est une propagandiste professionnelle qui manipule les formats journalistiques pour diffuser la désinformation du Kremlin auprès des publics russophones et désormais anglophones. En détournant les faits pour les conformer à la version officielle russe, elle pollue l’espace informationnel sur l’Ukraine et sur d'autres sujets internationaux pour lesquels la Russie manifeste son intérêt. RSF dénonce les actes de manipulation de cette figure de la propagande russe qui compromet le droit à une information fiable.
Sa propagande s’étend à d'autres canaux
En mai 2024, Diana Panchenko a ouvert un compte sur X où elle publie en anglais, ce qui lui permet d’atteindre une nouvelle audience à l’étranger. Outre l’invasion russe en Ukraine, Diana Panchenko produit des vidéos sur d’autres sujets internationaux, toujours alignées avec le narratif du Kremlin, comme les prochaines élections présidentielles américaines, avec un soutien affiché pour Donald Trump qui “arrêtera la guerre” en Ukraine, ou encore la situation en Moldavie qui “suit les pas de l’Ukraine” en s’opposant à la Russie.
Cette figure de la propagande est également utilisée par le Kremlin pour s’adresser au public ukrainien. Ainsi, le 28 mars 2024, à la suite d’une cyberattaque russe visant à perturber le programme des chaînes de télévision ukrainiennes, les téléspectateurs du télémarathon ont vu défiler sur leurs écrans une de ses vidéos.
Poursuites judiciaires en Ukraine
Formée au journalisme et au droit, Diana Panchenko a travaillé comme présentatrice sur la chaîne de télévision locale Kyiv TV entre 2010 et 2015, avant de rejoindre la chaîne pro-russe NewsOne, suspendue en Ukraine en 2021, de Viktor Medvedtchouk, un oligarque ukrainien proche de Vladimir Poutine qui est désormais en Russie.
Depuis son départ en 2022, elle n’est jamais revenue en Ukraine libre. Depuis janvier 2023, elle est visée par une enquête de la justice ukrainienne pour soutien à l’invasion russe en Ukraine, et depuis octobre 2023 pour “haute trahison”.
L’Ukraine et la Russie occupent respectivement la 61e place et la 162e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2024.
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