Turquie : un journaliste syrien de la chaîne Al-Arabiya menacé d’expulsion
Un journaliste syrien exilé en Turquie risque d’être expulsé pour avoir tenté de couvrir les opérations militaires turques au nord de la Syrie. Reporters sans frontières (RSF) dénonce cette mesure, véritable entrave au droit d’informer, et demande qu’on le laisse exercer son métier librement.
Il ne dispose plus que de quelques jours pour quitter le territoire turc. Le journaliste syrien Zidane Zenglow, correspondant pour la chaîne panarabe Al-Arabiya (financée par le gouvernement saoudien), avait pourtant obtenu la permission des autorités pour se rendre à la frontière turco-syrienne.
“Cette décision est purement arbitraire et constitue une entrave à la liberté d’informer, réagit Sabrina Bennoui, responsable du bureau Moyen-Orient à Reporters sans frontières (RSF). Ni une interdiction de couverture ni une expulsion pure et simple ne sauraient être justifiées pour empêcher un journaliste de faire son métier, quelle que soit la nature de la relation entre les autorités turques et le gouvernement qui finance le média pour lequel le journaliste travaille.”
Contacté par RSF, Zidane Zenglow explique qu’il se trouvait à Akçakale (côté turc), lorsqu’il a été convoqué par téléphone par les autorités pour se rendre dans un centre temporaire mis en place pour les journalistes. On lui a alors retiré son autorisation, “sur décision d’Ankara”.
De retour à Istanbul, où il réside, les services turcs de renseignements lui ont demandé de revenir à la frontière. Il y a été interrogé sur son travail pour Al-Arabiya, chaîne dont la couverture peut être jugée hostile par les autorités turques. Les agents l’ont ensuite menotté et placé en détention, puis lui ont remis un avis d’expulsion, dont RSF s’est procuré une copie, au motif qu’il représentait une “menace pour la sécurité intérieure et l’ordre public”.
La Turquie occupe la 157e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.