Trois journalistes de la chaîne polonaise TVP ont été arrêtés en Ingouchie dans la nuit du 29 au 30 mai par les services de sécurité russes qui ont saisi leur matériel, notamment des cassettes de reportages sur la situation dans le Caucase et plus particulièrement en Tchétchénie. Reporters sans frontières dénonce la politique de black-out médiatique imposée par Moscou sur la Tchétchénie.
Dans la nuit du 29 au 30 mai 2005, trois journalistes polonais de la chaîne de télévision publique polonaise TVP, Mariusz Pilis, Marcin Mamon et le cameraman Tomasz Glowacki, ont été interpellés dans leur hôtel à Nazran (Ingouchie, sud-ouest de la Russie) par les services de sécurité russes. Ils étaient depuis un mois dans la région afin de réaliser un reportage sur la situation dans le nord du Caucase pour TVP1, première chaîne publique polonaise.
« Une fois de plus, les autorités russes démontrent leur détermination à imposer un black-out médiatique total sur les événements en Tchétchénie en empêchant des journalistes étrangers d'enquêter. Nous déplorons la saisie de leur travail journalistique. Ce comportement constitue une entrave délibérée à l'accès à l'information et une violation de l'article de 10 de la Convention européenne des droits de l'homme. Nous rappelons que la Russie fait partie des 46 Etats membres du Conseil de l'Europe et doit à ce titre respecter ce texte », a déclaré Reporters sans frontières.
Le soir de leur arrestation, les trois journalistes attendaient un appel téléphonique de Grozny, capitale de la Tchétchénie, car ils voulaient interviewer le Président et le vice-Premier ministre tchétchènes.
Ils ont été conduits dans des locaux du ministère de l'Intérieur et ont été interrogés séparément par des agents du FSB (services secrets). D'après Marcin Mamon, qui était en contact avec sa rédaction, les autorités russes les ont accusés de ne pas avoir tous les papiers nécessaires pour circuler en Ingouchie. Selon les journalistes, leurs visas et leurs accréditations étaient valables encore trois semaines.
Ils ont finalement été relâchés au bout de 14 heures d'interrogatoire, mais ont appris que, pendant ce temps, des hommes en civil s'étaient rendus à la mission humanitaire polonaise en Ingouchie afin de s'emparer des 18 cassettes contenant leurs reportages effectués notamment en Tchétchénie.
Les hommes du FSB ont affirmé ne rien savoir de cette saisie. Mariusz Pilis, Marcin Mamon et Tomasz Glowacki sont restés à Nazran pour tenter de récupérer leurs enregistrements. Les autorités les ont « invités » à quitter l'Ingouchie le 31 mai au soir. Les trois journalistes se sont alors rendus à Vladikavkaz, en Ossétie du Nord, où ils se trouvent à l'heure actuelle, dans l'attente de l'arrivée d'un diplomate polonais, le 2 juin dans l'après-midi. Ils ont déclaré à leur rédaction avoir l'impression d'être suivis.