Trois journalistes libérées sur les 18 détenus en Égypte : un soulagement dans un climat d’oppression
Après près de deux ans derrière les barreaux, les journalistes Hala Fahmy, Safa al-Korbiji et Manal Agrama sont libres. Arrêtées en 2022 en raison de leur mobilisation pour les droits des journalistes, elles étaient détenues abusivement sans procès. Soulagée par leur libération, Reporters sans frontières (RSF) appelle la justice égyptienne à libérer également les 18 autres journalistes enfermés.
Les bonnes nouvelles pour la presse égyptienne sont rares. Celle-ci en est une : les journalistes Hala Fahmy, Safa al-Korbiji et Manal Agrama sont libres ! Accusées abusivement par le gouvernement d’Abdel Fattah al-Sissi de “diffusions de fausses nouvelles” et “d'adhésion à un groupe illégal” ou “terroriste”, elles étaient en détention provisoire depuis 2022.
Leurs noms sont apparus le 7 février sur la liste du procureur général des 32 détenus à libérer. Les trois journalistes travaillaient pour le groupe audiovisuel public, sous l’emprise de l’État égyptien, l’Autorité nationale des médias (anciennement l’Union de la radio et de la télévision égyptienne ou ERTU). La libération des trois journalistes est “un indicateur positif indéniable” pour la presse a réagi le président du syndicat de la presse égyptienne Khaled al-Balshy, dans une déclaration officielle.
Cette bonne nouvelle ne saurait faire oublier le sort des 18 autres professionnels de médias qui restent enfermés en Égypte en raison de leur travail. Seuls six d’entre eux ont été jugés et condamnés. La majorité est en détention provisoire – certains reporters le sont depuis plus de cinq ans.
“Nous sommes soulagés que les journalistes Hala Fahmy, Safa al-Korbiji et Manal Agrama soient libres. Elles ont défendu la liberté de la presse, elles n’auraient jamais dû être enfermées. RSF exhorte le gouvernement Sissi à cesser toute répression envers les professionnels de l’information et à libérer les 18 journalistes qui restent derrière les barreaux à ce jour.
Safa al-Korbiji, ancienne journaliste pour le média public Radio et télévision Magazine – appartenant à l’Autorité nationale des médias –, où elle est toujours employée à un autre poste, a subi une arrestation musclée à son domicile le 20 avril 2022 au Caire. Quelques jours auparavant, elle avait participé à une manifestation devant le siège de l’Autorité nationale des médias pour réclamer une amélioration des conditions de travail des journalistes.
Trois jours plus tard, la célèbre présentatrice de télévision du même groupe, c’est au tour de Hala Fahmy d’être arrêtée après avoir publié des vidéos dénonçant la corruption du gouvernement, les conditions de travail des professionnels de médias et les arrestations arbitraires qui les visent. Pour protester contre cette détention abusive, elle a observé plusieurs grèves de la faim, selon des sources de RSF.
À la veille de la conférence internationale sur le climat, la COP 27, le 2 novembre 2022, la journaliste Manal Agrama a, elle, été arrêtée lors d’une vague de répression lancée par le président Abdel Fattah al-Sissi contre la presse. La journaliste retraitée, ancienne directrice adjointe de Radio et télévision Magazine, venait aussi de dénoncer la politique du gouvernement dans des vidéos sur ses réseaux sociaux.