En 2023, les premières élections générales depuis la vague historique de manifestations pro-démocratiques de 2020 ont eu lieu. La campagne électorale a été marquée par d'intenses débats sur la liberté de la presse, beaucoup s'interrogeant sur la pertinence de l'article 112 du Code pénal thaïlandais, également appelé loi de lèse-majesté, qui impose de longues peines de prison pour toute critique de la monarchie thaïlandaise.
Paysage médiatique
À l’image de la société thaïlandaise, le paysage médiatique est très polarisé : d’un côté, les médias grand public, tel le quotidien Thai Rath, suivent la ligne du gouvernement ; de l’autre, des médias plus confidentiels tentent d’apporter une vision alternative et sont, à ce titre, la cible de pressions des autorités. C’est le cas de Voice TV, une chaîne fondée à l’origine par une figure de l’opposition, qui est régulièrement menacée de suspension. C’est encore plus vrai avec des médias en ligne comme Prachatai ou The Reporters, qui mènent un combat permanent pour faire vivre une information fiable à destination des internautes du royaume.
Contexte politique
Le succès du parti réformiste Move Forward aux élections générales de mai 2023 n'a pas conduit à la formation d'un gouvernement, le Sénat s'étant opposé à ses propositions de réforme de la loi de lèse-majesté. Après d'intenses négociations politiques, le parti Pheu Thai a mené une coalition pour nommer Srettha Thavisin comme nouveau Premier ministre, avant de s'allier à l'establishment pro-monarchique du pays, soutenu par l'armée.
Cadre légal
Apparemment indépendants du pouvoir exécutif, les grands médias du pays sont détenus par une poignée d’oligarques directement liés à la famille royale, à l’armée et au général et ancien Premier ministre Prayut Chan-o-cha. En miroir, les médias proches de l’opposition ont été créés grâce au financement de cercles d’affaires proches de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, de retour dans le pays en 2023 après des années d’exil. Le développement de nouveaux modes de financement participatif permet l’éclosion de portails d’information moins soumis au regard de leurs financeurs.
Contexte économique
Le message est clair : soit les rédactions respectent une autocensure scrupuleuse, soit leurs journalistes s’exposent à des accusations d’atteinte à la “sécurité nationale” ou à “la paix et l’ordre” qui peuvent les conduire directement en prison. Preuve de ce climat de peur généralisée, les vagues régulières de manifestations pro-démocratie sont soigneusement tues dans les médias de l’élite gouvernante ; les journalistes des médias alternatifs doivent, pour leur part, mesurer chaque terme employé pour ne pas finir en prison.
Contexte socioculturel
En Thaïlande, chaque journaliste doit savoir que toute critique du pouvoir est susceptible de déclencher une violente répression, rendue possible par une justice aux ordres du gouvernement. Depuis le coup d’État de 2014, plusieurs dizaines de journalistes et de blogueurs ont été contraints de choisir entre la prison et l’exil. Les détenus condamnés pour crime de lèse-majesté sont systématiquement victimes de mauvais traitements. La police a, de son côté, la matraque facile : en novembre 2022, plusieurs journalistes ont été sérieusement blessés par les forces de l’ordre en voulant couvrir des manifestations.
Sécurité
En Thaïlande, chaque journaliste doit savoir que toute critique du pouvoir est susceptible de déclencher une violente répression, rendue possible par une justice aux ordres du pouvoir exécutif. Depuis le coup d’État de 2014, plusieurs dizaines de journalistes et de blogueurs ont été contraints de choisir entre la prison et l’exil. Les détenus condamnés pour crime de lèse-majesté sont systématiquement victimes de mauvais traitements. La police a, de son côté, la matraque facile : en novembre 2022, plusieurs journalistes ont été sérieusement blessés par les forces de l’ordre en voulant couvrir des manifestations.