Tadjikistan : RSF exige l’aministie de Khikmatoullo Saïfoullozoda, en danger de mort en prison
A l'occasion des 30 ans de l'indépendance du Tadjikistan, le président Emomali Rakhmon a signé une loi d'amnistie. Des milliers de prisonniers vont être libérés. Reporters sans frontières (RSF) exhorte les autorités tadjikes à ajouter à la liste des amnistiés le journaliste Khikmatoullo Saïfoullozoda, emprisonné depuis 2015 dans des conditions qui mettent sa vie en grave danger.
Condamné à 16 ans d’emprisonnement le 2 juin 2016, le rédacteur en chef du journal hebdomadaire d’opposition Nadjot, Khikmatoullo Saïfoullozoda, également membre du Parti de la Renaissance islamique (IRPT), vit dans des conditions déplorables en prison. Le journaliste âgé de 70 ans souffre de nombreux problèmes de santé. Il a notamment contracté une forme grave de coronavirus, et a subi une opération du cœur le 16 juin dernier dans l’hôpital de l’établissement pénitentiaire où il est détenu.
La nouvelle loi sur l'amnistie, adoptée par le parlement tadjik le 6 septembre, et signée par le président Emomali Rakhmon à l’occasion des 30 ans de l'indépendance du Tadjikistan devrait donner lieu à la libération de quelque 16 000 prisonniers. Toutefois, les personnes condamnées en vertu de l'article 307 du Code pénal sur les appels publics à la modification forcée du système constitutionnel de la République du Tadjikistan verront seulement leur peine réduite de un à quatre ans, sans être amnistiées. Emprisonné à la suite de la liquidation du principal parti d’opposition tadjik, l’IRPT, en même temps que ses principaux cadres dirigeants pour “tentative de renversement du gouvernement”, Khikmatoullo Saïfoullozoda ne fera donc vraisemblablement pas faire partie des personnes libérées. Sa peine sera seulement réduite de quatre ans de prison, alors qu’il devrait bénéficier d’une libération prioritaire réservée entre autres aux personnes gravement malades, et de plus de 55 ans.
“Khikmatoullo Saïfoullozoda est en danger de mort en prison ! Détenu pour des motifs purement politiques, il risque de passer encore dix années derrière les barreaux, où il est victime de mauvais traitements, dénonce la responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF, Jeanne Cavelier. Sa libération pourrait lui sauver la vie. De surcroît, il ne représente un danger ni pour la société, ni pour les autorités du Tadjikistan. RSF demande aux autorités tadjikes qu’il soit ajouté à la liste des prisonniers amnistiés et immédiatement libéré.”
Désormais 162e sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2021, le Tadjikistan a perdu 46 places depuis 2015 et la dérive répressive du président Rakhmon.