Sur fond de manifestations estudiantines, trois nouveaux journalistes emprisonnés

Mohsen Sazgara, directeur du site Alliran, et Amin Bozorgian, rédacteur en chef de Golestan-é-Iran, ont été arrêtés le 15 juin, et Ensafali Hedayat, journaliste de Salam, le 16 juin. Ces incarcérations interviennent peu après l'arrestation de trois autres journalistes : Taghi Rahmani, journaliste de l'hebdomadaire Omid-é-Zangan, Reza Alijani, rédacteur en chef du mensuel Iran-é-Farda et lauréat du prix Reporters sans frontières - Fondation de France 2001, et Hoda Saber, un des dirigeants de Iran-é-Farda. " Ces arrestations sont tout simplement alarmantes. Jusqu'où le régime de Téhéran va-t-il aller ? Nous demandons aux autorités iraniennes de reconnaître officiellement les arrestations d'Amin Bozorgian et Ensafali Hedayat dont les familles sont sans nouvelles depuis leur interpellation par des inconnus. Nous réitérons, par ailleurs, notre demande à l'Union européenne afin qu'elle condamne ces graves atteintes aux droits de l'homme ", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières, qui a rappelé que quatorze journalistes sont actuellement derrière les barreaux en Iran. Selon son épouse, Mohsen Sazgara, directeur du site Alliran et du quotidien réformateur Jameh (fermé), est en grève de la faim depuis son arrestation, le 15 juin. Le 3 juin, il avait été interdit de sortie du territoire pour être intervenu sur des radios étrangères. Il avait déjà été arrêté, le 18 février, peu après avoir diffusé sur son site www.alliran.net, un article dans lequel il critiquait le Guide de la République islamique, l'ayatollah Khamenei. Il avait été relâché le 22 février. La famille d'Amin Bozorgian est sans nouvelles de lui depuis le 16 juin, date de son interpellation, en pleine rue, par des inconnus. Il avait déjà été enlevé, en pleine rue, le 26 novembre 2002, par des inconnus puis relâché le 1er décembre. Ensafali Hedayat, journaliste de Salam, se trouvait, le 16 juin, à l'université de Tabriz (nord du pays) pour couvrir une manifestation lorsqu'il a également été arrêté par des inconnus. Depuis, sa femme est sans nouvelles de lui. On reprocherait à Mohsen Sazgara, Amin Bozorgian et Ensafali Hedayat d'avoir incité les étudiants à la révolte. Les familles de Taghi Rahmani, Reza Alijani, et Hoda Saber sont également sans nouvelles d'eux depuis leur incarcération, le 14 juin. Les trois journalistes, dont les arrestations avaient été officiellement reconnues par le régime, seraient accusés d'avoir tenu des réunions secrètes avec des étudiants pour entretenir le mouvement de contestation. Plusieurs manifestations ont eu lieu ces derniers jours autour du principal campus de Téhéran. Des slogans très critiques à l'égard du régime y ont été lancés. Lors de ces manifestations, plusieurs journalistes, dont Negare Babakhani, du quotidien Hambastegui, avaient été frappés par des policiers et des miliciens en civil. Plus de 250 intellectuels et journalistes ont adressé, le 15 juin, une lettre ouverte au Guide de la République islamique, l'ayatollah Khamenei, lui demandant de mettre fin à sa résistance aux réformes, faute de quoi la République islamique serait menacée. Les signataires de cette lettre entendaient soutenir les 135 députés qui avaient également interpellé l'ayatollah Khamenei fin mai. On reprocherait également à Taghi Rahmani, Reza Alijani et Hoda Saber d'être à l'initiative de la lettre de ces députés.
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Updated on 20.01.2016