Sri Lanka: RSF met en garde Dayan Lanza contre toutes représailles à l’encontre du journaliste Freddy Gamage
Reporters sans frontières (RSF) condamne l’agression du journaliste et coordinateur de la Web Journalists Association Freddy Gamage le 2 juin dernier à Negombo (Ouest). RSF met en garde les personnes visées par les enquêtes du journaliste, en premier lieu desquelles figure le vice-maire de Negombo Dayan Lanza, contre toute tentative de représailles à l’encontre du journaliste.
Freddy Gamage, rédacteur en chef du site d’information meepura.com et journaliste pour le quotidien local éponyme, a été agressé le 2 juin vers 12h15 à la sortie du conseil municipal qu’il venait de couvrir après y avoir été invité par le maire de Negombo. Deux hommes portant des casques masquant leur visage ont alors agressé le journaliste avec un bâton, avant de prendre la fuite à moto. Deux individus suspectés d’être les auteurs de l’agression ont été arrêtés par la police et sont actuellement en détention. L’un deux, Thusan Krishmal, serait un employé du conseil municipal.
L'association des journalistes Web craint que Freddy Gamage ait été victime de représailles après ses publications, majoritairement consacrés aux faits de corruption d’officiels locaux, en particulier en lien avec le vice-maire Dayan Lanza. Deux semaines plus tôt, ce dernier avait demandé au journaliste de n’écrire que des informations positives à son sujet et sur son frère Nimal Lanza, ministre au gouvernement du président Maithreepala Sirisena, sans quoi “dieu le punirait”. D’après les journalistes (photos à l’appui), le principal suspect serait par ailleurs un proche des frères Lanza et l’historique d’appels de son téléphone portable indiquerait seize appels au vice-maire, le jour de l’agression.
"Nous saluons la réaction rapide des autorités afin d’appréhender les agresseurs présumés de Freddy Gamage, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières. Nous attendons maintenant que les commanditaires de l’attaque soient également identifiés et traduits en justice. Le statut et le rang élevé des personnes pointées du doigt par le journaliste ne doivent pas entraver l’enquête de la police. Si une nouvelle agression devait se produire, les individus mis en cause par les publications de Freddy Gamage, en particulier Dayan Lanza, qui a déjà tenté d’intimider le journaliste, devront figurer parmi les suspects de la police."
Si les attaques envers les journalistes ont diminué depuis l’instauration d’un nouveau gouvernement en janvier 2015, Reporters sans frontières et Journalists for Democracy in Sri Lanka continuent de demander au président Maithripala Sirisena de mettre fin à la politique de violences à l’encontre des journalistes menée par son prédécesseur Mahinda Rajapaksa et et de lutter contre l’impunité.
Le Sri Lanka figure à la 141e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2016 établi par Reporters sans frontières.