Soudan du Sud : Un journaliste torturé et laissé pour mort dans un cimetière

Le journaliste sud-soudanais Malek Bol a été retrouvé dans un cimetière de la capitale Djouba. Son corps montrait des traces de torture. L’organisation appelle les autorités à faire la lumière sur ce crime odieux et à en juger les responsables.

Malek Bol, journaliste pour le quotidien arabophone Al-Maugif, a été retrouvé en vie par ses collègues le 10 octobre, au cimetière de Gumba, à Djouba. Il était porté disparu depuis le 7 octobre 2016.


D’après des collègues du journaliste, il avait publié un article sur les réseaux sociaux critiquant la crise et la corruption qui minent l’économie du pays. Intitulé “Le goût de la vérité est amer”, l’article dénonçait, selon les informations rapportées par Radio Tamazuj, le fait que le président “Salva Kiir et sa famille {avaient} laissé le peuple du Soudan du Sud vivre dans une sévère pauvreté“.


Le rédacteur en chef d’Al-Maugif, Mathiang Cirilo, a confirmé à Reuters que “ceux qui l’ont enlevé lui ont rappelé qu’il avait injurié le président sur les médias sociaux”.


“Nous condamnons avec la plus grande fermeté cet acte cruel et souhaitons un prompt rétablissement à Malek Bol, déclare Reporters sans frontières. Les exactions envers les journalistes se sont intensifiées ces derniers mois au Soudan du Sud. On assiste à une destruction progressive de la société civile, avec en première ligne les journalistes. La communauté internationale doit condamner clairement ces comportements et rappeler aux autorités sud-soudanaises leurs engagements internationaux.”


Sévèrement blessé, le journaliste a été transféré à l’hôpital de Djouba. “Nous l’avons trouvé dans de mauvaises conditions, battu et brûlé”, a déclaré un collègue du journaliste, joint par téléphone par le site d’informations Sudan Tribune. Le corps du journaliste présente de nombreuses brûlures et contusions. Son bras est cassé et plusieurs côtes lui ont été brisées. Bol Deng, un proche du journaliste, a déclaré à Eye Radio qu’il avait été “rasé en punition” et “torturé à l’aide de la crosse d’une arme à feu”.


Il y a moins d’un mois déjà, le journaliste Isaac Vuni était retrouvé mort, enlevé quelques mois plus tôt par un groupe d’inconnus armés. Le 8 mars, c’était le journaliste Joseph Afandi qui était sévèrement battu et brûlé avec du plastique. Dans les deux cas, Reporters sans frontières avait demandé l’ouverture d’une enquête qui ne s’est pas matérialisée à ce jour.


Le Soudan du Sud a perdu en 2016, 15 places par rapport à l’année 2015 dans le Classement mondial 2016 de la liberté de l’information établi par l’ONG et occupe désormais la 140e place sur 180 pays.


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Publié le
Updated on 11.10.2016