Soudan du sud : RSF demande la libération d’un journaliste détenu depuis près d’une semaine

Déjà sous le coup d’une interdiction de quitter le territoire sud-soudanais, le responsable du quotidien indépendant Al-Watan est détenu par les services de sécurité depuis bientôt une semaine. Reporters sans frontières (RSF) dénonce un acharnement des autorités contre ce reporter et son média et appelle à sa libération immédiate.

Il devait se rendre à Nairobi, il se retrouve en prison… Le rédacteur en chef d’Al Watan, Michael Christopher est détenu depuis mercredi 17 juillet au siège du Service de sécurité nationale (NSS) à Djouba, capitale du Soudan du Sud. Deux jours plus tôt, le journaliste avait été empêché par des agents de sécurité de l’aéroport de prendre un vol à destination du Kenya. Dans la foulée, son passeport lui avait été confisqué pour l’empêcher de quitter le territoire. Il avait alors reçu l’ordre de se rendre siège de la sécurité nationale. Aucune charge n’a pour l’instant été retenue contre lui et il n’a pu avoir accès à un avocat. 


Journaliste critique et rédacteur en chef d’un des rares quotidiens privés du pays, il avait provoqué en janvier dernier la colère du régulateur des médias sud-soudanais pour sa couverture des évènement en cours au Soudan voisin, jugée en faveur des manifestations. Suite à une plainte de l’ambassade du Soudan à Juba, le journal avait été interdit de publier sur le sujet et son responsable astreint pour sa sécurité à quitter temporairement le pays pour l’Egypte. En mars dernier, l’Autorité des médias du Soudan du Sud (SSMA) a décidé de suspendre son journal arguant d’un non respect de sa licence d’exploitation. Initialement prévue pour un mois, la suspension n’a toujours pas été levée.


“Cette détention arbitraire et sans aucun fondement relève d’un acharnement pur et simple des autorités contre ce journaliste et son journal, et plus globalement, constitue un nouvel avertissement à tous les professionnels de l’information qui conservent une indépendance et une liberté de ton dans un paysage médiatique étouffé par la censure, déclare Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. Nous appelons à sa libération immédiate et sans condition.”


Dans ce pays ravagé par la guerre civile depuis 2013, le travail d’information des journalistes pâtit largement de la surveillance étroite et des intimidations de la part des autorités. Eye Radio, la seule radio indépendante du pays, témoignait en avril dernier des difficultés pour les médias à fournir une information indépendante, soumis à de nombreuses attaques, menaces et mesures de suspension. Par ailleurs, il n’est pas rare que les agents de la sécurité nationale interviennent directement dans les imprimeries pour censurer certains contenus. Pas moins de 5 articles du journal Al-Mouqif ont ainsi été supprimés de ses pages depuis le début de l’année.  Lors d’une convocation au début du mois par le service du renseignement, le directeur de la radio catholique Good News Radio, Marial Wen Deng avait reçu une lettre du directeur de la sécurité nationale qui lui précisait que tous les sujets et interviews devaient être approuvés au préalable par l’organe de sécurité.


Le Soudan du Sud occupe la 139e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2019.


Publié le
Updated on 23.07.2019