Somalie : un journaliste tué dans l’explosion d’une voiture piégée
Reporters sans frontières (RSF) déplore la mort d’un journaliste de radiotélévision à la suite de l’explosion d’une voiture piégée à Mogadiscio, ayant aussi gravement blessé trois autres journalistes. RSF appelle les autorités à ouvrir une enquête afin de retrouver et condamner les responsables.
La mort de Mohamed Isse Hassan s’ajoute au bilan tragique du pays le plus dangereux d’Afrique en termes de liberté de la presse. Samedi 29 octobre 2022, le reporter et journaliste pour la chaîne de télévision en ligne M24 TV a été tué dans un double attentat à la bombe à Mogadiscio, la capitale somalienne.
Aux alentours de 14 heures, sur un carrefour très fréquenté de la ville, une première voiture piégée a explosé, visant des bureaux du gouvernement et les civils. Alors que le journaliste se rendait sur le lieu de l’explosion, une seconde bombe, elle aussi placée sous une voiture, a explosé, tuant sur le coup le journaliste, ainsi qu’au moins trente autres personnes.
“Ce nouvel événement tragique intensifie le climat d’insécurité pour la presse en Somalie, déplore le directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF, Sadibou Marong. Nous condamnons cette attaque abjecte, ayant délibérément visé des professionnels de l’information venus sur les lieux pour faire leur métier. Les autorités doivent mener une enquête afin de retrouver et de condamner les coupables et tout mettre en œuvre pour protéger l’indispensable exercice du journalisme.”
Deux autres journalistes et un caméraman ont échappé à la mort de justesse. Partis, comme leur collègue, sur les lieux de la première explosion, Feisal Omar Hashi, reporter pour Reuters, Abdulkadir Mohamed Abdulle pour VOA Somali et M24 TV, et Bile Abdisalan Ahmed, assistant caméra pour Feisal Omar Hashi, ont été grièvement blessés par des éclats d’engins explosifs.
Bien que l’attaque n’ait pas été revendiquée, le président Hassan Sheikh Mohamud a blâmé al-Shabab, un groupe terroriste islamiste affilié à al-Qaïda, et responsable des attentats-suicides et de plusieurs attaques contre des civils et des militaires, qualifiant l'attaque de "cruelle et lâche”. Le 8 octobre dernier, dans le cadre d’une “guerre totale” destinée à éliminer ces combattants jihadistes, le gouvernement avait interdit aux médias somaliens de publier la moindre information relative aux islamistes radicaux shebab, sous peine de poursuites judiciaires.
Cet événement survient un mois après la mort violente d’Ahmed Mohamed Shukur, reporter à la télévision nationale somalienne (SNTV). Le 30 septembre dernier, ce dernier est mort dans l’explosion d’une mine terrestre à une trentaine de kilomètres au nord-est de Mogadiscio. Il était âgé de 20 ans.
La Somalie occupe la 140e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2022.