Serbie : une “chasse aux journalistes a été ouverte” à l’occasion des élections municipales
Journalistes attaqués physiquement ou verbalement, visés par des campagnes de diffamation propagées par des tabloïds… Le scrutin local du dimanche 2 juin 2024 a été le théâtre de multiples atteintes à la liberté de la presse. Reporters sans frontières (RSF) exhorte les autorités à tout faire pour en appréhender les auteurs et assurer la sécurité des journalistes.
À l’occasion des élections municipales en Serbie le 2 juin dernier, les attaques visant les journalistes se sont multipliées. Ainsi, à Zemun Polje, dans la banlieue nord de Belgrade, Marko Miletic, rédacteur pour le site d’information Mašina, a été victime d’actes d’intimidation devant le siège de la section locale du parti présidentiel, le Parti progressiste serbe (SNS), par ses militants qui ont tenté de saisir son téléphone avec lequel il filmait, et de l’encercler. À Novi Sad, capitale de la Voïvodine, région autonome du nord du pays, le journaliste au quotidien Danas Ugljesa Bokic a lui été violemment attaqué par un ancien policier alors qu’il essayait d’interroger des jeunes qui fuyaient la foire de cette ville, accusés par un groupe d’opposition d’y pratiquer de faux sondages en faveur du SNS. Frappé à la poitrine à coups de poings, le journaliste s’en est sorti avec une contusion au sternum. À cette même occasion, des militants du SNS ont aussi attaqué plusieurs autres journalistes avec des bombes au poivre pour les empêcher de faire leur travail.
Outre les agressions, les professionnels de l'information ont également été la cible de campagnes de diffamation qui ont été propagées par des tabloïds pro-gouvernementaux. Parmi les victimes figure Zarko Bogosavljevic, du site d’information 021.rs, qui a été – injustement selon les médias indépendants locaux – accusé de comportement violent dans des bureaux de vote. Déjà menacé en mars dernier, le journaliste indépendant Dinko Gruhonjic a quant à lui été la cible de tracts diffamatoires distribués aux abords des bureaux de vote.
“Une chasse aux journalistes a été ouverte en Serbie. La recrudescence et la violence des attaques suggèrent que leurs auteurs comptent sur l’impunité. RSF exhorte les autorités à enfin prendre des mesures urgentes pour garantir la sécurité de celles et ceux qui nous informent. Il est impératif que les responsables politiques mettent un terme aux pratiques hostiles à la liberté de la presse dans leurs rangs et que les tabloïds cessent de propager des campagnes de diffamation.
Classée 98ème sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en mai 2024, la Serbie n’a jamais été aussi bas depuis la création de cet index en 2002. Et le pays reste le dernier des États de l’ex-Yougoslavie.